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Violences policières : de la liberté d’informer. Par Yaël Selbonne

Par Yaël Selbonne, Journaliste et Déléguée FJN aux Antilles

Neuf jours après le passage à tabac du producteur de musique Michel Zecler dans le local de son studio situé dans le 17e arrondissement de Paris, quatre policiers ont été mis en examen conformément aux réquisitions du parquet et deux d’entre eux, le brigadier et l’un des gardiens de la paix que l’on voit sur les vidéos, ont été placés en détention provisoire. Une décision qui survient également cinq jours après la révélation des images par le site Loopsider qui établissent les mensonges des policiers sur les circonstances de leur intervention. Le passage à tabac de Michel Zecler, sur fond d’insultes racistes par des policiers pose de nouveau la question des violences policières et du racisme dans cette institution et la met au grand jour. Grâce à la vidéo de surveillance à l’intérieur de l’entreprise du producteur afro caribéen, c’est une interpellation d’une violence inouïe et totalement disproportionnée qui aura été filmée de A à Z (Ouf !) et révélée au monde entier.  Selon un rapport de l’ACAT, ONG chrétienne de défense des droits de l’homme, « L’ordre et la force », on dénombre « 89 cas de violences policières » entre 2005 et 2015. Simple « face émergée de l’iceberg », l’ONG note que « nombreuses sont les allégations de violences policières qui ne sont pas relayées dans les médias, et nombreuses sont les victimes qui ne portent pas plainte. »   Le cas de Michel Zecler intervient d’ailleurs quelques jours seulement après l’évacuation plus que musclée d’un camping de migrants place de la République par des policiers sans vergogne. Cet usage disproportionné de la force a également pu être exposé grâce aux différentes prises de vue de témoins sur place.  La majorité de ces violences policières ont donc pu être médiatisées grâce à des vidéos à l’appui. A chaque fois, ce sont les images qui ont pu montrer l’illégitimité et la disproportion de la force employée par les policiers. Un dépôt de plainte ou une médiatisation semble donc être très compliqué sans l’outil vidéo.  Selon le rapport de l’ACAT, chaque année, on dénombre environ un décès par mois lors d’opérations de police ou de la gendarmerie et les victimes sont principalement des jeunes et des personnes issues de minorités visibles comme Michel. Il est donc urgent de faire la lumière sur cette injustice et cette impunité. La démocratisation des smartphones est une chance historique qui permet à chaque citoyen de devenir un acteur de l’information. Nul besoin d’être journaliste pour être témoin de brutalités policières et de pouvoir les médiatiser pour les signaler. La liberté de la presse n’est d’ailleurs rien d’autre qu’un droit des citoyens à l’information et non un banal privilège des journalistes. Or, l’article 24 contraint, voire supprime cette liberté d’informer.  

(Rapport de l’ACAT : https://www.acatfrance.fr/public/rapport_violences_policieres_acat.pdf )

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