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Toledot : Gen 25 : 19 – 28 : 9

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C’est dans la Paracha Toledot que figure le célèbre épisode de la bénédiction obtenue par la ruse par Jacob, au détriment de son aîné Esaü. Le texte nous indique en amont qu’»Isaac préférait Esaü parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche; mais Rebecca préférait Jacob» (Genèse 25,28). Il est difficile de comprendre comment Isaac notre père, prophète de surcroît, pouvait préférer Esaü le chasseur à Jacob l’homme de l’esprit. Mais la perplexité s’accroît lorsqu’on s’arrête au motif invoqué par la Torah : «Isaac préférait Esaû, parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche»!
Peut-on expliquer qu’Isaac ait cru devoir privilégier Esaû le chasseur plutôt que Jacob l’homme intègre, habitant studieusement les tentes de Chem et Ever, pour poursuivre la vocation abrahamique, et ce nous dit-on pour des considérations gastronomiques?
Complexité dans les relations père-fils
Il nous faut revenir à la Akeda, le sacrifice d’Isaac, pour appréhender une complexité dans les relations père-fils, qu’une lecture superficielle du texte ne laisse pas filtrer. La ligature d’Isaac est un moment dramatique et traumatique pour le père comme pour le fils. Ce à quoi on n’est pas toujours attentif, c’est qu’à la descente de la Akeda, les chemins d’Abraham et d’Isaac vont se séparer pour ne plus se rejoindre .Ils ne se reverront plus. Le texte biblique comme le Midrach soulèvent des questions fortes concernant les relations d’Abraham et Isaac. Un Midrach cité par Rachi  dévoile l’identité des deux jeunes gens qui escortent Abraham et Isaac lors de la montée vers le Moriah , en vue du sacrifice : ils ne seraient autres qu’Ismaël et Eliézer! Comment comprendre qu’après qu’Ismaël eût été éloigné et banni sur l’instigation de Sarah, Abraham soit allé le rechercher, et ce spécifiquement pour l’accompagner dans la geste de la Akeda?
Par ailleurs le texte nous dit qu’ « Abraham donna tout ce qu’il possédait à Isaac » (Gen.25.5), le privilégiant entre autres par rapport à ses autres fils, et notamment Esaü, mais d’un autre côté nous n’avons plus aucune trace d’échanges entre Abraham et Isaac depuis la Akeda! On ne revoit Isaac aux côtés de son père que pour l’enterrer : «Il fut inhumé par ses fils Isaac et Ismaël» (Gen.25,9). On observe également que les préparatifs d’Abraham en vue de rechercher une épouse pour son fils, se font en l’absence du futur fiancé. Enfin, alors même que nos ancêtres saisissaient leurs derniers instants pour bénir leurs enfants, on ne voit pas qu’Abraham ait béni Isaac à ce moment là, laissant à D. le soin de le faire : «Après la mort d’Abraham , le seigneur bénit Isaac son fils; Isaac s’établit près de la source du Vivant-qui -me-voit (Gen.25,11). Comment comprendre que le texte ne relate qu’un échange entre eux,- qui se situe lors de la montée vers le Moriah -, et qu’à partir de là leurs chemins vont se disjoindre totalement pour ne plus se recroiser?
Le traumatisme de la Akéda
A part le côté totalement traumatique de la Akéda, on peut aisément imaginer qu’il n’est guère facile d’être le fils d’Abraham : leader spirituel charismatique universellement reconnu, chef militaire victorieux, visionnaire religieux de génie choisi par D. pour mener à bien une révolution sociale et religieuse, pas moins. Il pouvait sembler à Isaac, que son frère aîné Ismaël, «l’homme dont la main était sur tout», était de manière naturelle, le leader fort, fait bien plus que lui-même, pour succéder à Abraham leur père.
Par ailleurs, Isaac ne pouvait-il pas qu’être tourmenté en permanence par le fait que sans l’intervention divine qui finalement l’avait épargné, c’est à Ismaël qu’aurait échu la mission de poursuivre la mission paternelle? On peut penser qu’à partir de là, Isaac a toujours été tenté de penser qu’au fond son père avait en fait préféré son fils aîné plus agressif, plus fort, plutôt que lui, désigné par D. comme l’héritier spirituel d’Abraham. Est-ce ce doute qui n’a jamais cessé de le tarauder, qui l’aurait conduit à penser que finalement c’est son fils le plus fort, le chasseur, capable de le nourrir aussi, Esaû, qui était le plus apte à reprendre le flambeau? Mais D. en sous-main oriente les choses autrement. Rebecca sait que le droit d’aînesse n’appartient pas au fils le plus fort, mais à celui qui s’identifie le plus passionnément à la mission spirituelle engagée par Abraham.

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