C’est un adage qu’on trouve dans la Torah orale, Pirke Avot. « Ce n’est pas à toi d’achever la tâche, mais tu ne peux t’en décharger. » C’est à dire qu’il faut profondément croire que le but ultime, la Paix et l’amour entre tous les humains, est un objectif qui justifie tous les jours notre combat sur terre. La Religion ouvre cette émotion liée au futur, et la sacralise. Elle devient l’expression de la rencontre ultime de l’histoire humaine avec le Divin, la préparation au moment ou Ses créatures parviennent elles même à incarner Ses attributs de compassion, et de pardon. Le pardon entre humains doit faire partie du futur.
Un aspect commun aux aspirations religieuses, est qu’elles formulent toutes la vision d’un acheminement humain, d’un destin ou au final, tout se rencontre, une morale enfin réalisée. Cette émotion religieuse liée au futur, est particulièrement vivante au sein des héritages abrahamiques, qui sont centralisés autour de la notion de prophétie, de vision du futur. Quand dans la Torah Moise demande comment D.ieu veut être appelé, il lui est répondu le verbe être au futur. D.ieu est déjà la ou l’homme sera. Appeler D.ieu c’est aussi attendre, c’est aussi espérer. Espoir qui est placé au summum de tout le reste, car il s’agit ici de la réalisation de la Volonté Divine. Volonté exprimée par les paroles des prophètes bibliques, qui ont vu, à la fin des temps, venir l’ère de l’unité et de la fraternité entre tous les peuples de la terre. L’espoir pour la réalisation de ce devenir est actif, il consiste à planter depuis aujourd’hui les graines qui germeront dans les prochaines générations, par des âmes porteuses de la même promesse. La vision Israélite de cet espoir, trouvée dans la Bible, les prières et les enseignements oraux, est ressentie comme la réconciliation entre membres d’une même famille. Enfants égaux du même Père. Enfants qui ont maintenant acquis les vertus de compassion de leur Père, l’un pour l’autre,
Ils refléteront ainsi sur terre, à leur niveau humain, dans leur diversité, Son Unité suprême. C’est aussi la vision, et la promesse, du Panafricanisme.
Ses grands enseignants ont mis l’unité entre Africains, et à travers eux l’humanité dans sa diversité, comme point central de leur réflexion. Ce point central est devenu le modèle de l’humanisme qui partout dans le monde a pu lever la tête, et rendre leur dignité, a des millions d’êtres humains. Comme de nombreuses autres communautés culturelles sur le continent, le Judaïsme Africain est vivant grâce au Panafricanisme, que D.ieu a mis sur son chemin. Il doit sa survie à ceux qui ont mis en avant la cause de l’unité entre tous les Africains, de toutes ethnies, et la victoire contre les forces du racisme. En effet, c’est dans la vision de la survie et du développement de toutes les communautés, que chacune peut prospérer. En plantant aujourd’hui les graines de l’entente et l’harmonie, en enseignant à nos enfants le message panafricain dans toutes les écoles, en perpétuant l’espoir d’un monde meilleur par un mode actif d’actions de compassion, de charité, et de participation, nous vivons déjà dans le cadre de la prophétie. Et dans ce cadre, l’Afrique est le cœur battant de l’humanité. Vivre au futur c’est être convaincu que le racisme disparaîtra de la terre, et avec lui le reste de l’ignorance qui enchaîne l’humanité à une image de souffrance et de servitude. Ceux qui commencent leur narratif culturel par l’histoire de rédemption d’une nation d’esclaves égyptiens, qui ont nommé leur libération la rencontre avec le D.ieu Unique, celui de chaque humain sans distinction, veulent nous faire voir qu’en se relevant de l’oppression et du racisme, on entraîne avec nous le monde entier vers la véritable Liberté. La pratique des commandements est orienté vers cet Avenir et offre d’avoir un avant goût de la future réalisation.
Ayant ce but en cœur, on peut mesurer le progrès que nous faisons ensemble et reconnaître les efforts à fournir. Avoir le sens que le futur existe déjà peut être une définition d’avoir la Foi. Car il y a un moment où toute chose revient à son Créateur.
Baser ses actions sur ce moment est appelé Sagesse. À ce moment, la couleur de peau est un rêve évaporé. Celui qui aura placé sa confiance dans cette enveloppe et aura ignoré l’âme, sera forcé de revenir à la première case. Toute la construction de son monde ne voudra plus rien dire, ni ne pourra l’aider. Moise se plaignit à D.ieu qu’étant bègue il ne pourrait aller parler au Roi. D.ieu lui répondit. Qui a fait l’aveugle et l’estropié?
Pourquoi le faible est il la ?
Pourquoi l’opprimé est il la ?
Dans ce questionnement et sa réponse, on rencontre le Divin.
S’il n’y avait pas d’aveugles, d’estropiés, de faibles qui ont besoin d’aide, comment les humains auraient ils la possibilité d’investir les attributs de Compassion et leur donner une résidence terrestre ? En guérissant le monde de la maladie du racisme, on arrive à réaliser le rêve prophétisé par la dimension de l’âme humaine. L’âme est la profondeur immense de la capacité d’aimer. Cette capacité anime chaque être humain.
Celui ou celle qui actualise ce potentiel prend chaque souffle de cette profondeur. Ils agissent tous les jours pour écarter les obstacles a la lumière de cet amour.
Ils font de leur mieux pour percevoir la capacité de l’âme en tout autre.
C’est le futur de toute âme de faire face à sa propre capacité. C’est pour cela que chacune fut créée.