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Parasha Tetsavé : Ex 27 : 20 – 30 :10

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La particularité de notre Parasha, comme l’enseigne le Zohar et comme le fait remarquer le Ba’al haTourim[1] (Exode XXVII, 20), est que le nom de Moïse n’y apparaît pas, remplacé par une adresse personnelle :  »Et toi, ordonne […] approche (ch. XXVIII, v.1) […] parle (v. 3) » Cela est la conséquence de la requête de Prophète lui-même, lorsque constatant l’intransigeance de l’Eternel lors de son intercession après la faute du Veau d’Or, il supplia (Exode XXXII, 32) :  »Et maintenant, supporte leur faute, et sinon, efface-moi de grâce du Livre que Tu as écris ». Ceci même si au final, D. a pardonné ce péché, car comme l’énonce le Zohar : « Trois personnes se font du mal à elles-mêmes [dont] celui qui se maudit lui-même […][2] Existe-t-il un homme plus grand que Moïse, qui demanda  »Efface-moi, etc… » ; et quand bien même cela alors était nécessaire et que la condition de l’effacement ne se réalisa pas, etc… »
Il faut comprendre à quoi renvoie exactement ce que le Zohar présente comme une nécessité prévue par Moïse, et pourquoi elle finit par se réaliser, forcément, dans cette Paracha-là.
On peut envisager que ne plus voir son nom inscrit dans la Torah renvoie au désir de dépersonnaliser celle-ci, de la présenter comme un texte qui s’imposerait aux hommes de la part de D. sans qu’il n’ait entre eux aucun intermédiaire.
On perdrait ainsi certes en médiation (mais après tout, on peut considérer que c’est un peu celle-ci qui est à l’origine du Veau d’Or :  »Car l’homme Moïse qui nous a fait monter du pays d’ Egypte, nous ne savons ce qu’il est devenu » – supra XXXII, 1), mais on y gagnerait en autorité, car les ordres proviendraient directement du Très Haut.
Et on peut constater que, de l’avis même des exégètes, c’est exactement ce qui se passe dans notre Parasha. En effet, dans la formulation inusitée qui l’inaugure, on ressent à la fois l’effacement du médiateur et l’affirmation de l’autorité du prophète provisoirement lointain, parce qu’il  »ordonne » au lieu du  »parler … pour dire » habituel.
C’est ainsi que le comprend le Midrash Tanh’ouma (Tétsavé §6) :  »Et toi, tu ordonneras » – D. dit à Moïse, Je fais de toi un roi ! Et de même qu’un roi ordonne et que son Peuple obéit, toi aussi, tu ordonneras et Israël obéissent »
On ne saurait mieux exprimer l’idée selon laquelle cette mise à distance de Moïse le fait passer du statut de prophète (médiateur chargé d’établir le dialogue entre D. et les hommes) à un autre statut, plus autoritaire parce que plus distant, la royauté (le roi n’est tel qu’ à condition de se placer hors du commun :  »Tu placera sur toi un roi (Deutéronome XVII, 15)- qu’il t’impose crainte et respect (Kiddoushin 31b))
Pour aller encore plus loin, il faut à présent se pencher sur la deuxième interrogation que provoque cet enseignement du Zohar : pourquoi cet effacement se concrétise précisément dans la Parasha Tétsavé ?
Celle-ci traite en grande majorité des lois relatives  aux Prêtres : leurs habits, leur prise de service, etc.
Or ceux-ci, et en particulier le premier d’entre eux, le Cohen Gadol, représente une toute autre alternative quant au rapport avec D. Le culte dont ils ont la charge opère un lien de bas en haut si nous pouvons nous exprimer ainsi : par leur intermédiaire, c’est tout un chacun qui peut s’adresser à l’éternel.
Dès lors, si on suit l’opinion de certains Commentateurs[3] selon lesquels la construction du Tabernacle et tout ce qui s’ensuit n’a de raison d’être qu’en tant que réaction[4] à la faute du Veau d’Or, on peut plus aisément comprendre de quoi il en retourne : on assiste ici à une confrontation entre deux modes de relation à D., rendues nécessaires par les impératifs du moment. Après avoir envisagé de se mettre en retrait, de se repositionner après la faute du Peuple, Moïse se voit sommé d’endosser un nouveau rôle, au moment précis où il est justement question de présenter à la collectivité d’Israël une manière inédite de communiquer avec le Saint Béni Soit-Il qui de par sa nature même est susceptible de prévenir et d’éviter à l’avenir toute dérive, et de mieux canaliser les aspirations spirituelles des Enfants d’Israël.
[1]Rabbi Ya’akov ben Acher Ba’al haTourim (1270 – 1340).
[2]Il s’avère que c’est dû au fait qu’un Ange est créé par chaque parole que l’on prononce, et qu’en dépit de toutes circonstances, il fait tout pour qu’elle se réalise…
[3]Cf. Rachi Exode XXXI, 18.
[4]Tikkoun (réparation).

 

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