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Paracha Pin’has : Nombres 25 : 10 – 30 : 1. Jonathan Aleksandrowicz

Kinshasa : 17:39-18:30, Abuja : 18:35-19:27,Lagos : 18:47-19:39, Ebonyi : 18:28-19:20
Rivers : 18:30-19:22,Enugu : 18:31-19:22, Abia : 18:29-19:21,Delta : 18:35-19:27
Anambra : 18:32-19:24, Imo : 18:30-19:22, Johannesburg : 17:11-18:06,Harare : 17:15-18:08
Yaoundé : 18:10-19:02,Antananarivo : 17:07-18:00,Accra : 18:00-18:52,Libreville 18:13-19:04

Dans la Bible, Pinhas est la figure du zélateur, jaloux de l’honneur divin. Dans le livre des Nombres, à la paracha Balak, est narré le fait suivant : surprenant la consommation de l’union interdite entre Zimri, un prince d’Israël, et Cozbi, princesse de Midian, Pinhas les transperce aussitôt d’une lance. Pour beaucoup, Pinhas est devenu alors un modèle d’engagement religieux, jusqu’à la justification de la violence.
Certains ont d’ailleurs voulu faire de Yshai Schlissel, l’ultra-orthodoxe récidiviste « déséquilibré », un émule de Pinhas alors même que les deux grands rabbins d’Israël ont condamné son acte. Dans cette position, défendre de la sainteté de Jérusalem « souillée » par la Gay Pride justifiait donc la violence.
Reste que cette thèse est difficilement applicable ici. Rappelons d’abord que le zélateur n’est en mesure d’agir que dans trois cas particuliers, et qu’une Gay Pride dans Jérusalem n’en fait pas partie. Yona Ghertman, le rabbin de Cagnes-sur-Mer, nous donne également une première approche au niveau halachique de ce qu’est un véritable zélateur :
« L’acte de Pinhas n’a rien d’évident, il fait appel à de nombreuses subtilités halachiques. Un tel acte doit être demande des conditions spécifiques. Dans certains cas, le zélateur est même considéré comme un assassin. De même, si la personne visée par ce dernier se défend et parvient à éliminer le zélateur, elle est considérée en situation de légitime défense ! »
« Le point précis concernant Pinhas est détaillé par le Rama dans Hochen Michpat (425, 1), poursuit-il : ‘‘celui qui a une relation sexuelle en public avec une idolâtre, les zélateurs peuvent les frapper et ont le droit de les tuer. Mais uniquement au moment de l’acte. En revanche s’il se détache (de la femme) II est interdit de le tuer. Et (l’autorisation en question) n’est valable que s’il ne s’est pas détaché (de la femme) après avertissements; et uniquement si l’initiative du zélateur est spontanée. Mais s’il vient demander l’autorisation au Beth-Din, on ne l’autorise pas.’’
En somme, pour appliquer cette règle, qui n’a pas de lien avec une Gay Pride à Jérusalem, il conviendrait déjà de définir ce qu’est l’idolâtrie, procéder aux avertissements selon la procédure requise, arriver au moment même de l’infraction, et être dans un temps où un tribunal rabbinique est à même de statuer en matière pénale. Bien qu’existante, cette règle halachique est donc en désuétude à notre époque.
« En tant que rabbin, il faut s’élever contre cette horreur »
Encore, une mauvaise application de cette règle s’assimile à un meurtre. Mickaël Journo, rabbin de la synagogue Chasseloup-Laubat, a ainsi réagi avec virulence à l’annonce de l’acte de Yshai Schlissel :
« Commettre un crime ou une blessure corporelle, ou financière, ou morale, que ce soit à un juif ou un non-juif, est condamnable par Torah. Toute manifestation de violence est insupportable à l’esprit et à la lettre de la Torah. Celui qui agirait hors de la Torah en se prenant pour le bras armé du judaïsme commet une totale hérésie. Dans la Tradition, nous avons deux Tables de la Loi : une concernant les rapport entre l’être humain et D’ieu, et l’autre entre l’être humain et son prochain. Ces deux tables sont en regard, et selon le rabbin Shimchon Raphaël Hirsch, elles forment un cube qui lie par exemple « Je suis l’Eternel ton D’ieu » avec « Tu ne tueras point ». Car tuer l’homme, c’est nier l’existence de D’ieu. Un meurtre est une atteinte au saint, béni soit-Il. C’est le fait de commettre un Hiloul Hashem (profanation du Nom) qui chasse la présence de D’ieu sur terre. Et ce, même si les actes de la personne assassinée étaient considérés avec difficulté dans la Torah ! »
« En tant que rabbin, il faut s’élever contre cette horreur : cet homme doit nom seulement être condamné par la justice israélienne, mais aussi être excommunié de la communauté d’Israël. »
« Remarquez d’ailleurs qu’il n’y a pas eu de contre manifestation des ultra-orthodoxes contre cette marche, alors qu’ils avaient les moyens de le faire ! Car on ne peut pas être d’accord, mais on doit respecter la dignité humaine, on doit le respect à l’autre même si on le pense condamnable, et on doit se dire : ‘‘je ne suis pas le bras de D’ieu !’’ Dire que cet homme c’est Pinhas, c’est, je le répète, une totale hérésie ! »
« La Grandeur aurait été d’ouvrir dialogue avec eux, avec ces enfants d’Israël. Au lieu de cela, cet homme a jeté le discrédit sur la sainte Torah, le discrédit sur le monde religieux. Il faut se désolidariser de cet homme. La halacha dit qu’on ne doit pas inciter à faire le même acte que Pinhas. Parce que le judaïsme est la religion du dialogue, du sourire, de la cohésion sociale. Si d’autres ont un comportement pas forcément en adéquation avec la Torah, il faut aller vers eux et leur montrer un visage souriant. »
Le rabbin Journo conclut avec un constat amer sur la société israélienne : « Cela fait mal qu’en Israël, il y ait tant de clivages. Arrêtons cela, nous sommes tous du même père. Peu importe les agissements des uns et des autres, il faut prôner le Chalom et tendre la main à son frère. En tant que rabbin, on doit inciter nos jeunes à l’ouverture et à l’acceptation de l’autre, peu importe qui il est. »

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