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Paracha Nitsavim : (Deuter. 29:9–30:20)

Abuja : 18:17-19:05, Lagos : 18:32-19:21, Ebonyi : 18:13-19:02, Rivers : 18:18-19:06
Enugu : 18:16-19:04, Abia : 18:15-19:04, Delta : 18:21-19:10, Anambra : 18:18-19:06
Imo : 18:17-19:05, Harare : 17:31-18:22, Yaoundé : 17:58-18:47, Antananarivo : 17:24-18:15
Accra : 17:46-18:34, Libreville 18:05-18:54, Kinshasa : 17:37-18:26

Rosh Hashana: une convocation collective et individuelle. Avant[1] de poser les termes de l’alliance qui va être renouvelée entre D. et son peuple, Moïse interpelle solennellement les Enfants d’Israël : «Vous vous tenez aujourd’hui vous tous devant l’ Éternel, votre D. : vos chefs, vos tribus, vos anciens, et vos officiers, tout homme d’ Israël, vos jeunes enfants, vos femmes et ton étranger au milieu de ton camp, depuis le fendeur de ton bois jusqu’au puiseur de ton eau, pour que tu passes dans l’alliance de D. …» (Deutéronome ; 29, 9-11).
On peut noter cependant qu’avant d’entamer la longue énumération : vos chefs, vos anciens etc, Moïse dit : «Vous vous tenez tous devant D.». D’abord une convocation à titre collectif, puis une convocation à titre individuel commente Nah’manide.
Et Rabbin Naftali Tsvi Yehuda Berlin[2], le Netsiv, de porter l’accent au niveau éthique : de la responsabilité individuelle à une responsabilité collective, prise dans la claire conscience du destin collectif. «Quoique chaque individu soit jugé en tant que tel, ce jugement peut-être également déterminant au niveau collectif dans le sens positif ou négatif».
Benjamin Gross dans ses enseignements, dans ses prises de position, n’avait de cesse de revenir sur ce ‘‘kulh’em’‘, vous tous, sur lequel Moïse avait mis l’accent en priorité. Il était inquiet car il avait le sentiment qu’en dépit du retour des juifs sur leur terre, de l’avènement de l’Etat d’Israel : «Cette notion d’existence collective nous n’en n’avons pas encore pris conscience. Durant les années de l’exil, l’effort spirituel, intellectuel et herméneutique était surtout fondé sur la réussite individuelle du juif et son rapport avec D. ou avec le monde. De ce fait la dimension collective de l’existence juive a beaucoup souffert. Or pour moi,- et en cela il s’inscrit dans la filiation du Rav Kook-, la renaissance de l’Etat d’Israel c’est d’abord cette prise de conscience d’un destin collectif et un retour aux sources profondes»[3]. Une dimension collective trop souvent occultée
Il montrait ailleurs[4] comment par exemple, dans un ouvrage aussi important que l’‘‘Ame de la vie’’ de Rabbi Hayyim de Volozhyn, cette dimension collective est absente. Il y est question de la réussite spirituelle de l’individu, mais la référence historique, le sens d’une inscription dans la dimension collective du peuple juif, d’une responsabilité de l’individu dans un infléchissement de la destinée collective n’apparaît pas. Ce manque est un marqueur de l’exil pensait-il, mais en même temps il déplorait qu’avec le retour sur la terre, une véritable prise en compte de la dimension collective ne se soit pas faite, et ce, en dépit de l’accès à la dimension nationale. Au niveau spirituel et religieux d’abord.
Pourtant cette dialectique entre l’individu et le collectif, la notion de la co-responsabilité de l’individu et de la collectivité sont omniprésentes dans la Tradition juive en général, et dans la liturgie des Jours Redoutables, Roch Hachana et Kippour , en particulier.
Le Talmud dans le traité Roch Hachana (18a) dit : «Au Nouvel an tous ceux qui peuplent le monde défilent devant Lui comme les membres d’une troupe» et Rabah, fils de Bar ‘Hanah j’ajouter au nom de Rav Yohanan : «et tous sont scrutés d’un même regard». Ils sont observés un à un, ou embrassés d’un même regard ?
Le troisième Rabbi de So’hatchov, cité par le Rav Hadari, enseigne qu’il n’y a pas là matière à contradiction. Qu’il y aurait dans le même regard divin, une attention portée à l’individu et à la collectivité. Et de préciser que de la même manière qu’il y a deux dimensions prises en compte conjointement dans le jugement divin, il y a deux niveaux dans le service divin. Et que l’homme doit avoir à cœur de toujours œuvrer à la fois pour son propre compte et dans l’intérêt collectif. Il doit avoir à cœur de s’améliorer, de se rédimer lui-même, et en même temps d’œuvrer pour le bien de tous. Il doit se hisser en même temps qu’il agit pour lui-même, au niveau de l’intérêt général, du destin collectif. Et le Rabbi de Soh’atchev de désigner ce niveau plus élevé, comme un niveau ‘‘Lichma’’, avec la notion de gratuité que ce terme introduit. S’ouvrir à la conscience la plus aiguë qui soit de notre responsabilité, dans un travail qui dépasse largement la quête de notre salut personnel, et qui lui est pourtant intrinsèquement lié. Nous avons un travail à accomplir en tant qu’individu, mais il ne faut jamais perdre de vue que nous sommes tous indissociablement liés et engagés sur le chemin de la réussite collective.

[1] Cette étude est largement inspirée du commentaire sur la paracha Nitsavim, du Rav Hayyim Yeshayahu Hadari, dans son ouvrage ‘‘Chabbat Umoed Bachviit’’
[2] Voir ‘‘Haemek Davar’’, sur Deutéronome 29,9
[3] Entretien avec le professeur Beno Gross, publié sur le blog Modern Orthodox le 28 Juillet 2015
Interview menée par Gabriel Abensour, webmaster, un mois avant la disparition de B. Gross
[4] Site Akadem, Beno Gross, ‘’Le souffle de vie’’ et ‘‘Choisir la vie’’ entretiens réalisés par A. Mercier journaliste- septembre 2014

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