Appels à contributionsBibliographies/LiensCommunautés AfricainesCoopération Israel-AfriqueDossiers accessible à tousFiches biographiques

L’opposition d’Einstein au racisme : initiative personnelle.

Des historiens de Einstein remettront en lumière des aspects parfois méconnus
de ce savant, et tisseront des liens que l’on ne soupçonne pas toujours entre la lutte pour les droits civiques et son côté savant. Il y a des fois d’entendre de la bouche d’un(e) Oranais(e),  d’une tunisienne de Sousse ou encore d’un Meknassi. Ou encore d’un rabbin se disant lui-même philosophe mais avec une marque d’ignorance crasse sur Einstein. Trop souvent, l’opposition d’Einstein au racisme est réduite à « une affaire de la communauté juive » reléguant au second plan l’initiative personnelle qui était combattue à 97% au sein de sa communauté. C’est le retour le plus vaste possible, faute d’être le plus exhaustif, sur la période allant de 1933 à 1955 que souhaite présenter et qui sera nourri au fil de temps. Dans le souci d’avoir un large éventail de contributeurs et de contributrices qui traitent des multiples facettes de cette période et remettre en lumière des aspects parfois méconnus de sa vie. Einstein était un fervent défenseur des droits civiques et de la liberté d’expression. Des historiens de Einstein remettront en lumière des aspects parfois méconnus de ce savant, et tisseront des liens que l’on ne soupçonne pas toujours entre la lutte pour les droits civiques. En fait, de nombreux détails importants manquent dans les nombreuses études de sa vie. En1933 à son arrivée aux Usa , il est ami du chanteur noir Paul Robeson. Scandalisé par la ségrégation raciale dès son arrivée aux Etats-Unis, il refuse d’intervenir dans les universités réservées aux Blancs et milite pour les droits civiques aux côtés. Facette méconnue du personnage. Considéré par le FBI comme « ennemi d’État », Albert Einstein poursuit son combat sans relâche, allant jusqu’à se porter garant pour l’intellectuel noir W. E. B. Du Bois devant la Cour fédérale. Mais il ne verra pas les fruits de sa lutte de son vivant : la ségrégation raciale n’est abolie aux Etats-Unis que dans les années 1960, bien après la mort d’Einstein le 18 avril 1955. Le physicien se distingue aussi par ses engagements politiques. En 1920, il soutient le mouvement des Juifs qui demandent un territoire pour leur peuple. Ben Gourion lui proposera même, en 1952, la présidence de l’État d’Israël – poste qu’il refusera. En 1919, il est appelé à la Société des Nations, et devient en 1928 président de la Ligue des Droits de l’Homme. Mais alors que grandit son prestige à l’international, l’Allemagne nationaliste n’oublie pas ses origines juives. Menacé par la montée du nazisme, Albert Einstein part s’installer aux Etats-Unis en 1933. Il enseigne à l’Institute for Advanced Study de Princeton, dans le New-Jersey, tout en poursuivant ses recherches sur la théorie globale des champs. En 1946, dix ans avant sa mort, il dénonce par exemple la ségrégation aux Etats-Unis lors d’une conférence à la Lincoln University (à l’époque réservée aux noirs), en expliquant que «cette séparation n’est pas la maladie des gens de couleurs. C’est une maladie de blancs. Je ne compte pas me taire à ce sujet». Et ce n’étaient pas que des mots. Le physicien allemand, d’origine juive, s’est effectivementinvesti dans plusieurs associations de lutte en faveur des droits civiques des Afro-américains au point d’être placé sous surveillance par le FBI, comme le raconte très bien. Au printemps de 1933, alors qu’il est en Allemagne, Einstein est témoin des mesures antisémites prises par le parti nazi. En tant que président d’honneur de la Ligue contre l’antisémitisme, il dénonce vivement ces actions et s’efforce d’éveiller la conscience des populations quant à ce qu’il présente comme des «actes de force brutale et d’oppression […] contre les juifs […]». Quelque temps plus tard, Einstein décide de quitter l’Allemagne pour aller aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis, Albert Einstein observe le contexte de discrimination raciale qu’il juge très injuste. Il milite pour les droits civiques et lutte contre le racisme. Il refuse de s’associer avec des universités qui pratiquent la ségrégation et s’implique pour que les enfants noirs aient accès à la connaissance.
Durant la guerre froide, il prend position contre la course aux armements, appelant les peuples à chercher un autre moyen pour en arriver à la paix. Il dénonce également, par la publication d’un texte, le maccarthysme aux Etats-Unis durant cette période, ce qui lui vaut le titre d’«ennemi de l’Amérique» par Joseph McCarthy.
En 1946, Albert Einstein, militant pour les droits civiques des Afro-américains se rendait à l’Université de Lincoln en Pennsylvanie et a profiter pour donner une conférence sur la relativité aux étudiants. Elle a été la première école en Amérique à décerner des diplômes universitaires aux Noirs. À Lincoln, Einstein a prononcé un discours dans lequel il disait: «Je n’ai pas l’intention de me taire tant que les Afro-Américains sont traités comme les Juifs en Allemagne ». Ayant connu la ségrégation raciale en Allemagne, il voulait simplement inspirer les jeunes esprits avec la beauté et le pouvoir de la science. Malheureusement, la visite d’Einstein à Lincoln n’est pas mieux connue et elle a été pratiquement ignorée par la presse grand public, qui couvrait régulièrement les discours et les activités d’Einstein. (Seule la presse noire de l’époque a couvert l’événement.) Il n’y a pas non plus de mention de sa visite de Lincoln dans les principales biographies ou archives d’Einstein. En fait, de nombreux détails importants manquent dans les nombreuses études sur la vie et le travail d’Einstein, la plupart ayant trait à l’opposition d’Einstein au racisme et à ses relations avec les Afro-Américains ont été ignoré par la presse de l’époque dominée par des blancs. Einstein continua à soutenir des causes progressistes tout au long des années 50, lorsque la pression de la chasse aux sorcières anti-communiste rendait dangereux de le faire. Un autre exemple de la façon dont Einstein utilisa son prestige pour aider une personnalité Afro-américaine se produisit
en 1951, lorsque WEB Du Bois, l’un des fondateurs de la NAACP, fut inculpé à l’âge de 83 ans par le gouvernement fédéral d’avoir omis de s’inscrire en tant qu’ «agent étranger», une conséquence de la circulation de la pétition «prosoviétique» pour la paix de Stockholm. Einstein offrit de comparaître en tant que témoin de moralité en faveur de Du Bois, ce qui convainquit le juge de classer l’affaire. En 1951, lorsque W.E.B. Du Bois a été accusé d’être un agent non enregistré pour une puissance étrangère, Einstein s’est porté volontaire pour comparaître en son nom, en tant que témoin. Lorsque l’avocat de
Du Bois a informé la Cour qu’Einstein comparaissait, le juge a décidé de rejeter l’affaire.

*Fred Jérôme et Rodger Taylor: « Einstein sur la race et le racisme » chez Rutgers University Press, 2006.

No Comments Yet

Leave a Reply

Your email address will not be published.