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L’éventail politique d’Éric Zemour et la pensée juive

En rien le discours d’Éric Zemour ne doit il être associé à la pensée juive. Au nom de la moralité du Judaïsme, Elie Wiesel, Martin Buber, Albert Einstein, le Rabbin Abraham Joshua Heschel, Simon Wiesenthal, Emmanuel Levinas, ont fait de leur vie un combat contre toutes les discriminations raciales. Simon Wiesenthal s’est battu pour la dignité des Roms, qu’il voyait comme frères-victimes du Nazisme, qui ont été après la guerre ciblés de la part de partis politiques Européens d’extrême-droite. Ces grands penseurs du Judaïsme n’auraient jamais toléré un discours tel que celui de Éric Zemour, et n’auraient pas pardonné son attitude équivoque à propos de Petain et de Mauras, et son utilisation d’argumentations ethniques et culturelles. L’épouvante est synonyme de la terreur. Dans la vie d’une société, cela veut dire que l’épouvante se nourrit de la terreur et peut en faire une carrière, une raison d’être. Ainsi naît l’épouvantail politique, un instrument pratique dans le jeu d’échec binaire droite/gauche, quand vient la nécessité d’attiser la polarisation. Aussi faut-il sérieusement considérer la possibilité que des forces racistes utilisent des membres de minorités ciblées, pour faire cyniquement porter leur discours haineux, tout en gardant les mains propres. Ceci pour attirer les flèches vers des populations précises. Par nos activités autour de la tragédie de Ilan Halimi (alav hashalom) notre association FJN a passé des années à informer le public du danger des dérives antisémites, et offert notre analyse des dynamiques sociales qui favorisent ces contextes. Nous avons partagé notre diagnostic et notre témoignage. D’une part, la récupération politique du conflit Israélo-palestinien par la gauche comme par la droite, et d’autre part des réponses trop lentes pour remédier à la situation, ou trop soumises au discours politique anti-immigrants, sont parmi les causes qui empêchent d’engager des dialogues interculturels significatifs. Nous avons suggéré comment remédier à ces apparentes difficultés. Il est indispensable de comprendre la poussée et la promotion du caractère Éric Zemour dans ce cadre temporel. Pour la FJN, qui a des décennies d’expérience dans le domaine de la discrimination raciale et de ses conséquences sociales, le phénomène Éric Zemour n’est pas un exception, mais un caractère typique de la politique d’extrême-droite. Il n’y a rien de nouveau dans l’idée de mettre un enfant d’immigrés (ou d’ex-colonies) dans la position de porte parole des anti immigrés. C’est une stratégie d’infantilisation du public, méthode particulièrement en vogue dans la droite américaine ou britannique. L’épouvantail Eric Zemour existe en Amérique. Il est le cubain américain archi-connu qu’on utilise pour faire des speeches glorifiant la culture américaine et surtout l’embargo sur Cuba. En Angleterre il est le descendant d’indiens ou de pakistanais qui chantent avec nostalgie les louanges de l’ancien empire britannique. Et qui aussi vante les mouvances réactionnaires contre les immigrés et les classes sociales pauvres. En France comme en Amérique et en Angleterre et ailleurs en Europe, il y a une machine politique et médiatique derrière ces caractères publics. Ces mécanismes d’opinion font des choix cyniques quand le sujet est d’établir des espaces identitaires. On va sans gêne faire dire à des caractères de droite des arguments de gauche et vice-versa, dans l’objet de confondre les voteurs. Être attentif aux intentions doit être plus important, si on attache une valeur morale à la vérité. L’image d’un immigré qui a du talent pour le sophisme et les discussions de salon insistant qu’il a lu Maupassant, et donc il est devenu un étranger acceptable, fait pitié. Maupassant mérite d’être lu pour un autre motif que celui d’être validé comme être humain acceptable. La littérature ne peut pas être réduite à faire objet de carte d’identité. Mais il est assimilable à l’histoire de nombreux africains (et nord africains) complexés, qui passent leur vie à valider leur humanité aux yeux des majorités. En cela, il n’a tristement rien d’exceptionnel. Car il n’a rien à offrir d’autre que ce qu’on lui a donné, et ne trouve rien à faire autre que remercier le patron. Le combat de la communauté juive contre tous les racismes et toutes discriminations survivra le phénomène Zemour. Ceux qui l’utilisent comme épouvantail politique sont trop évidents pour être cachés des regards. On ne peut pas effacer la vision humaine de Frank Rosenweig, Wiesel, Wiesenthal, Buber ou Simone Weil avec un sophiste bavard qui fait du populisme ou la morale humaine est ridiculisée.

2 Comments
  1. On peut etre ou ne pas etre d accord avec Zemmour, mais le diaboliser et eviter le debat avec lui montre la faiblesse argumentaire d articles comme celui ci dans la tradition du poliquement correct et de la bien pensance que tant de gens onissent et subissent dans les medias et la communaute juive en France!

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