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Les yeux, les oreilles et le cœur dans le judaïsme.

Dans les versets de la prière du Shema, Il est écrit : « et vous ne serez pas entraînés après votre cœur et après vos yeux.. ».
Cette injonction, extraite de la Torah, nous indique clairement que le regard peut affecter et influencer le cœur, si nous ne restons pas en éveil permanent et journalier.
Quand le cœur catégorise l’autre avec l’excuse donnée par le regard seul, il est dans l’erreur.
Le témoignage de vérité réside dans l’écoute. C’est pour cela que l’idée du Shema, qui veut dire écoute, prime sur le regard, qui lui ne peut percevoir que la surface superficielle des choses.
La voix exprime la vie qui anime ce que nous voyons.
Le chemin de la vérité est celui qui va des oreilles vers le cœur, et non pas celui qui va des yeux au cœur.
Les yeux doivent apprendre à lire, afin de faire correspondre les nuances subtiles de l’écoute à la dimension visuelle.
L’écoute va du silence au murmure et à la reconnaissance et la distinction entre question et appel.
L’ordre ascendant de la signification pour les Maîtres de la Torah évolue vers les Taamim, les notes chantées qui ne sont pas écrites mais apprises par cœur, c’est à dire absorbées par l’écoute pure.
Or, la valorisation et le retour à la dignité dans l’espace des interaction humaines, se fait aussi lorsque la priorité est rendue à l’écoute, et que celle-ci prime sur les apparences.
Une société démontre ses valeurs, selon que les apparences visuelles l’emportent ou non sur l’écoute accordée aux besoins de ses membres.
Il ne s’agit pas d’une bataille entre les différents modes de perception.
La prière du Shema nous appelle à nous concentrer sur notre véritable capacité à générer notre propre bonheur, et celui d’autrui, en renforçant d’abord notre sens d’ouïe intérieure, qui nous permet de distinguer la voix juste parmi le bruit des pensées.
Le risque de se faire berner par le regard existe en tout temps.
Définir la beauté par des référents exclusivement optiques plastiques et visuels, cultive à la fois une absence et une distance, qui deviennent rapidement froideur.
Le regard est facilement trompé par le maquillage, la truquerie photographique, ou la prestidigitation.
Écouter, c’est déjà pouvoir entendre ce qui parle à l’intérieur de nous-mêmes.
Ce n’est pas juste réagir, comme un ressort rebondit à toutes les stimulations et provocations à la réaction.
Nous devons d’abord avoir les oreilles attentives aux besoins autour de nous, pour ne pas être proie à la tentation du regard jugeant, qui invite à catégoriser l’autre et le déshumaniser.
Selon le verset du Chema Israel est un coeur qui a des gigantesque oreilles.
Ces oreilles doivent être capables de sentir toutes les nuances que les yeux n’arrivent pas à voir.
Selon la capacité d’écoute du coeur, il prend plus de profondeur, et finit par inclure toutes les autres voix: pouvoir les entendre, c’est à dire les comprendre, et valoriser la place unique de chacune d’entre elles.
Dans le verset de la Thora le mot Shema est écrit Shem Ayin, et la lettre Ayin est écrite en majuscule.
Ehad est écrit Ah Dalet et la lettre Dalet est aussi écrite en majuscule.
Ces deux majuscules Ayin et Dalet composent ensemble le mot
Ed qui veut dire témoigner.
Ce témoignage dépasse la sélection de ce que nous choisissons d’entendre, ou ce à quoi nous fermons nos oreilles et préférons jouer les sourds.
Les voix que nous ignorons, notre cœur les connaît.
L’alibi du regard est invalide aussitôt que l’âme de l’autre se manifeste.
Car l’âme est un miroir, et par sa révélation c’est notre propre voix que nous entendons.

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