Appels à contributionsBibliographies/LiensCommunautés AfricainesCoopération Israel-AfriqueDossiers accessible à tousFiches biographiques

Les tribus judéo-berbères comme autochtones du judaïsme africain.

Les tribus judéo-berbères comme autochtones du judaïsme africain (première partie).

A. Les Juifs Africains.

Il faut bien se garder de considérer les Juifs africains comme formant un seul bloc, une entité ethnique ou linguistique
homogène. Ceux de l’Afrique du Nord proviennent de deux origines distinctes. Si les uns y sont venus de l’Europe, les autres forment un groupe autochtone. Ceux venus de l’Europe sont presque toujours d’origine espagnole vers le nord de l’Algérie et le Maroc, ceux d’origine italienne vers Tunis et sur quelques autres points du littoral tunisien. Ceux-ci parlent un idiome européen , et font remonter leurs origines à l’Espagne ou à l’Italie; ils ne diffèrent pas sensiblement de leurs coreligionnaires de la Méditerranée européenne. Quant aux groupes des Juifs indigènes, ils se subdivisent à leur tour en :

1° Judéo-Arabes ou Juifs- Arabes de mœurs et forment la totalité de la population urbaine des grands centres barbaresques éloignés du littoral. C’est le cas des Juifs de Marrakech, du Maroc du Sud, de ceux de la plupart des villes algériennes et tunisiennes, et partiellement aussi des Juifs tripolitains. A plusieurs reprises , ces Judéo-Arabes ont été mélangés d’éléments venus d’Asie ou d’Europe. Néanmoins, comme l’indiquent leur type, leurs noms, leurs usages, leurs mœurs et leurs traditions, le noyau primitif des Judéo-Arabes a été constitué par des Juifs autochtones. Certains d’entre eux qui à un moment donné, comme c’est le cas pour Tunis, pour Marrakech et pour Tlemcen, Constantine ont reçu des colonies européennes importantes,et ont gardé leur caractère africain, grâce à la poussée des Judéo-Berbères venus de l’intérieur.
Ainsi, à Tunis, plus de la moitié de ces Juifs porte (portait) des noms ethniques des tribus ou des villes berbères de l’intérieur.
A Tripoli, la proportion des noms d’origine berbère ou saharienne était encore plus accentuée.
2° Cette constatation s’applique surtout aux groupes Judéo-Berbères. Ces derniers se divisent à leur tour en nomades, sédentaires et troglodytes.
Ils possèdent tous les attributs d’un peuple autochtone qui , bien que réduite en nombre et en importance, a laissé des traces de son passage et des survivances de son influence dans tous les domaines de la vie , dans la religion, dans les mœurs , la linguistique et les noms géographiques. Ces survivances se retrouvent jusque chez quelques peuplades berbères dont le folklore , les us et coutumes trahissent une ancienne influence juive.

B. Les Judéo-Berbères.

Les Judéo-Berbères embrassent les groupements juifs suivants, qui subsistent de nos jours : Presque tous les Juifs de la Tripolitaine, parmi lesquels il faut signaler particulièrement les groupes de Msellata et de Derna, les deux villes troglodytes du Djebel Gharian, et les trois villages d’Iffren qui forment le versant oriental du Djebel Nefoussa. Dans le reste de ce dernier, les Juifs ont disparu; mais leur souvenir se perpétue encore partout. En outre, les Juifs de Djerba, les groupes du Sud Tunisien, les nomades juifs du Djerid, du Drid, du Sers et de la région de Constantine appartiennent à la même origine. De plus, le Maroc a encore conservé, en dehors des nomades, des Judéo-Berbères attachés à la glèbe et parlent le « Ghleuh » , dialecte berbère de l’Atlas. C’est précisément ce dernier groupe juif africain qui attire toute notre attention.
Un des traits caractéristiques qui distingue les Judéo-Berbères est la foi qu’ils ont dans leur origine palestinienne directe. Ces Juifs continuent, avec Procope, avec Ibn Khaldoun et les auteurs hébreux de l’antiquité et du moyen âge à considérer les Berbères comme un peuple issu, lui aussi, de la Palestine. Ceux de Ghadamès, par exemple, sont
considérés comme étant des Philistins qui ont émigré en Afrique après la mort de Djalout dit Goliat. Les Berbères du Mzab et du Nefoussa seraient les descendants directs des Ammonites et des Moabites, tandis que les Masmouda seraient les Amalécites de la Bible; si bien que tout un folklore aurait refait une « grande Palestine » dans le Tell et les ksour
africains, où Israël se retrouverait entouré de ses anciens rivaux.
Les traditions des Juifs sont comme hantées par des souvenirs bibliques; on signale partout la présence d’inscriptions racontant les exploits de Joab, de Salomon et d’Esdras sur le sol africain.
Cependant, l’opinion la plus accréditée auprès d’eux est que les Juifs de l’intérieur seraient venus en grand nombre amenés comme prisonniers de guerre, puis envoyés comme colons par Titus en Afrique. Cette tradition ne semble pas être démentie, puisqu’on peut établir une filiation qui rattache les Judéo-Berbères à l’époque romaine; plus tard, des survivances et des documents divers ne font que la confirmer. Nous sommes à une époque où le judaïsme rabbinique n’était pas encore dominant.
Il faudrait s’attendre à retrouver chez ces autochtones de l’Afrique des traces de cultes qui nous sont connus, soit par les historiens, soit par les découvertes archéologiques des premiers siècles du christianisme. Le prototype de ce que devait être le judaïsme africain primitif se présente sous les aspects suivants :
1° L’existence des temples, à l’exclusion des synagogues, tels que nous en rencontrons à Eléphantine au ve siècle av. J.-C., en Egypte, celui d’Onias et les temples des Phalachas de nos jours.
2° Les traditions des clans des Aaronides, ou des prêtres qui devaient exercer le culte des sacrifices , culte dont la Synagogue se passe depuis l’abolition des rites des sacrifices et le remplacement du Cohen ou sacrificateur par le rabbin.
La permanence, du moins pour les premiers siècles de l’établissement de ces Juifs , de nécropoles taillées dans le roc qui forment le type des tombeaux juifs classiques en
Palestine;
4° Des survivances linguistiques, ou rituelles, se rattachant, soit à la Palestine, soit au moins à la Cyrénaïque hellénisée. Sur tous ces points, mes recherches faites sur place n’ont pas laissé de donner des résultats plus ou moins convaincants;
si bien que nous pouvons désormais affirmer que partout où Ibn-Khaldoun place des Judéo-Berbères , les traces de leur passage et même des survivances de leur séjour se laissent démontrer avec certitude.

No Comments Yet

Leave a Reply

Your email address will not be published.