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Les Juifs en Afrique de l’Ouest

Ce qui caractérisent la configuration sociale de la sous région, y compris la Mauritanie,
on sait que les juifs de Tombouctou sont connus sous les patronymes des Touré et des Aidara.
Pour l’histoire, les juifs ont toujours été signalés en Afrique de l’Ouest jusqu’à la fin du XV° siècle, plus précisément, dans l’ancien empire du Ghana qui, contrairement à certaines idées reçues, est fondé par des hommes blancs –Tarigh Soudane- vers l’an 300. Selon M. Delafosse, ces rois blancs auraient été des Judéo-Syriens chassés par les persécutions romaines de Cyrénaïque vers l’an 118.
Par ailleurs, à leur arrivée en Afrique occidentale, au VIII siècles, les premiers musulmans trouvèrent entre Sénégal et Niger, sur l’emplacement du futur royaume du Mali -Mallal- et du territoire de la Kamnuriyya, des populations qui lisaient la Tawrat et des groupements juifs qui seraient mentionnés par les grands historiens et géographes arabes El Bekri et El Idrissi. La confirmation de cette hypothèse se trouve dans un récit laissé par un juif de la tribu de Dan, Eldad le Danite, apparu à Kairouan vers la fin du IX siècle et qui évoque, au Sahara, l’existence d’un empire juif.
Il y’a aussi l’histoire du royaume juif du Touat, qui s’est maintenu jusqu’en 1492, et les chercheurs savaient, sans être en mesure d’en apporter la preuve, qu’une partie de la diaspora Touatienne s’est dirigé vers le Sud pour tenter de trouver refuge sur l’autre rive du Sahara après la destruction des communautés de Tamentit et du Gourara.
Pour échapper à la destruction par les conquérants jihadistes musulmans, ces communautés niaient leurs origines juives et évoquaient des liens qu’elles auraient avec le prophète, d’où le nombre de chérifs au Sud du Sahara qui ne se comptent pas en familles, comme dans le reste du monde islamique, mais en tribus entières dont certaines rejettent toute appartenance à l’origine arabe.
En arrivant en Afrique occidentale les européens, tout comme les premiers musulmans, avaient eux aussi rencontré des juifs ; ce fut notamment le cas de Valentin Fernandes qui parle de juifs au XVI° siècle à Oualata et de Mungo Park, lequel vers 1795 à Tombouctou puis à Sansanding, s’est trouvé en présence de juifs qui étaient vêtus et priaient comme les musulmans.
Vers 1496, Mahmoud Kati signale la présence des Banou Israël. Prés du lac Fati, dans la région de la boucle du Niger et précisément à Tendirma, rapportait-il, vivaient à la fin du XV° siècle des juifs qui s’étaient rendus célèbres par les puits qu’ils creusaient et par la qualité de leurs légumes cultivés selon les traditions bien juives de Tarigh El Fettach. Ces puits leur donnaient, conformément à une vieille loi juive, des droits sur les terres.
En 1500, à Gao, l’Askia Mohammed Touré, à la demande du Cheikh Abdel Krim El Meghili, le bourreau des juifs du Touat, fit arrêter tous les juifs Touatiens qui vivaient sur son territoire. El Meghili voulait venger sur eux la mort de son fils assassiné au Touat par le parti des juifs. Cette décision indisposa le Cadi de Tombouctou qui demanda son annulation compte tenu que ces gens ne pouvaient être tenus responsables d’événements survenus ailleurs.
Les juifs de Gao retrouvèrent leur liberté, sans que personne n’ait pu savoir ce qu’ils devinrent par la suite. Les conseillers du Cadi de Tombouctou leurs auraient suggérés de se faire plus discrets sur leurs origines en attendant que la paix revienne, ce qu’ils firent si bien au point de se diluer entièrement dans la société.
Vers 1865 un Rabbin, du nom de Mardochée Aby Serour, a réussi à s’infiltrer dans la région de Gao et au cours de ses déplacements le long du Niger, des gens lui déclaraient : nous sommes des juifs et nos ancêtres étaient de Tamentit. C’étaient les Daggatoun que personne ne rencontra et dont le nom resta même inconnu après Mardochée. Or ces gens vivaient parmi les Touaregs Aouillimiden qui occupent tout le territoire situé au Nord du fleuve ; de Tombouctou à l’Adrar des Ifogha et à l’Aïr.
Henri lhôte a, d’une certaine façon, confirmé certains renseignements donnés par Mardochée quand il a affirmé que les Touaregs avaient razzié des juifs du Touat connus sous le nom des forgerons, ce qui peut expliquer, d’après lui, l’existence de fractions comme les Ida Houssaq -les fils d’Isaac- et les Enaden. Sans tirer de conclusions, Théodore Monod n’en n’a pas été lui aussi moins frappé par tout un faisceau d’éléments concordants.
Du symbole de la Magen David ou Sceau de Salomon placé au dessus d’une porte à Ouadane, à la pierre gravée en hébreu de Ghormali, en passant par les inscriptions latines de Carthage, les altercations de Saint Augustin, les cartographies des juifs majorquins du Sahara… Tout ceci est consigné dans son ouvrage : l’hippopotame et le Philosophe, Actes Sud 1993, pp : 239 et 247.

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