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Les derniers juifs d’Egypte disparus.

Protéger le patrimoine. C’était le vœu des derniers représentants de la communauté juive d’Egypte. Ils sont tout au plus une vingtaine aujourd’hui. Les synagogues sont fermées faute de fidèles. Lentement, dans l’indifférence générale, les juifs une nouvelle fois disparaissaient d’Egypte. En 1947, le nombre de juifs en Egypte s’élève de 75.000 à 85.000 individus, selon les estimations publiés par le New-York Times. L’AFP avance quant à elle le nombre de 120.000 personnes. C’est incontestablement l’âge d’or du judaïsme en Egypte. Depuis l’établissement de la monarchie dans le pays, en 1922, la population juive n’a cessé de croître. Le roi Fouad, appuyé par les Britanniques, est plutôt tolérant. Les juifs quittent les pays où ils sont menacés pour vivre en paix en Egypte. La communauté va prospérer.
1948 et la création de l’Etat d’Israël va marquer le début du déclin de la communauté. 20.000 Égyptiens juifs vont quitter le pays dans les quatre années qui vont suivre la création de l’Etat hébreux.
La crise de Suez
En 1952, Gamal Abdel Nasser renverse la monarchie et instaure un régime militaire. Le sort des juifs d’Egypte va alors suivre l’état des relations particulièrement tendues entre Israël et le Caire. En 1956, la crise de Suez après la nationalisation du canal par Nasser est le véritable signe de la fin de la communauté juive d’Egypte.
Israël, allié au Royaume-Uni et à la France, a attaqué l’Egypte. Pour la communauté juive, soupçonnée d’espionnage au profit d’Israël, la situation devient intenable. Les arrestations se multiplient. Les biens de certains sont nationalisés. Sous la pression gouvernementale, 25.000 juifs quittent le pays.
En 1967, lors de la guerre des Six-Jours, 12.000 juifs vivent encore au Caire. Ce sera le conflit de trop pour la communauté. La quasi-totalité quitte le pays. Aujourd’hui, et alors que les deux pays sont en paix, les juifs d’Egypte ne sont plus assez nombreux pour atteindre le minian (quorum) nécessaire aux offices.
En 2000, certains juifs égyptiens installés en Europe ont tenté un retour au pays. Ils n’étaient pas plus de 20, et la moitié est retournée en Europe.
Middle East Eye, dans un article consacré à la disparition des juifs d’Egypte, rapporte les propos de l’une d’entre eux, Sara Kuhin. «Lorsque je suis rentrée après 37 ans, la ville avait complètement changé: j’ai découvert une ville horrible, surpeuplée et polluée… Ils ont réussi à faire de la ville royale du Caire le symbole de l’urbanisme sauvage et de la décadence.»
La protection du patrimoine
La disparition de la communauté était inéluctable. Désormais, la question qui se posait était de savoir comment sera conservé le patrimoine juif du pays. Officiellement, le gouvernement ne fait aucune distinction entre patrimoine pharaonique, islamique, copte ou juif. Un comité a été créé en 2016 pour répertorier «tous les monuments juifs et toutes les collections juives qui se trouvent dans les synagogues», selon les propos du ministre des Antiquités, Khaled Al-Anani, à l’AFP.
Or, ce patrimoine est menacé. A Alexandrie, le toit de la synagogue s’est en partie effondré, rapporte l’AFP. L’Etat de la dizaine de synagogues du pays n’est pas meilleur. Au Caire, le cimetière juif de Bassatine est à l’abandon. «Triste réalité, la grande majorité des pierres tombales en marbre ont été volées et des chiens sauvages errent entre les tombes parmi des monceaux d’ordures», écrit l’Arche dans un article consacré à l’inhumation, le 18 avril 2013, de Carmen Weinstein, ancienne présidente de la communauté juive d’Egypte. Elle n’a pu être enterrée dans le carré familial, «envahi par les déchets et les eaux fangeuses des égouts».

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