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Le silence des Rappeurs bling-bling.

Le rap, devenu Hip Hop, est né de la rencontre entre les traditions des griots Africains, avec la poésie Jazz des Noirs américains.
Olatunde était un Maitre griot nigérian qui s’était installé à New York où il avait ouvert le « Africa House » dans les années 60.
C’est lui qui etait l’auteur du hit mondial « Jingo » rendu fameux par Carlos Santana.
De nombreux musiciens Africains en tournée internationale, venaient au Africa House.
Ils y rencontraient de nombreux musiciens noirs américains, qui à l’époque etaient dans le mouvement du R&B et du Funk.
Il y avait aussi parmi les visiteurs fréquents du Africa House des poètes Jazz célèbres tels que le groupe « Last Poets », et Gil Scott Heron.
Tupac Shakur, dont la mere Afeni Shakur faisait partie des dirigeants du Black Panther Movement, a grandi à Africa House, sous la tutelle de Baba Olatunde.
En même temps, sur la côte Ouest, il y avait un mouvement similaire avec Lamert Park et son « World Stage ». C’est la que les poètes Jazz tels que les « Watts Prophets », se produisaient.
Ces poètes s’étaient déjà produits avec des géants tels que John Coltrane.
L’impact de l’identité culturelle Africaine, qui ne s’était jamais éteinte, était palpable et accessible à tous. Les histoires que formulaient ces poètes Noirs américains étaient souvent racontées sur fond de rythmes percussifs, et de mélodies Africaines.
Survinrent les nouveaux artistes qui etaient dans beaucoup de cas les enfants de ces poetes ou musiciens noirs américains.
Des noms tels que Tupac et Mos Def font partie de cette histoire.
Une période de renaissance verbale à la fois rythmique et poétique s’étendit sur toute une génération de jeunes américains.
L’euphorie contagieuse de la parole libérée tourna très vite en culture mondiale, le Hip Hop.
Comme pour beaucoup de mouvements la commercialisation à outrance de ce message original à suivi en une décennie. Rapidement, de plus en plus de compagnies de musique firent projeter l’image adolescente de la réussite facile, style pub Coca Cola, le message pressé et clairement exprimé étant de créer un brand, facilement reconnaissable.
La culture americaine de choc, où l’on s’impose en poussant les autres du coude, à vu déferler par dizaines des vagues de rappeurs qui ne faisaient que s’auto-promouvoir, en mode business rapide de fast food, où il suffit de dire qu’on est le meilleur et que les autres ne valent pas trois balles. La preuve est dans la vente.
Cet agrandissement de soi, vers des mesures ridiculement grandiloquentes quand il s’agit de promouvoir sa personne, semble cruellement manquer à ceux de nos frères appelés « rappeurs » pendant la crise du COVID19.
Silence assourdissant, bruit de semelles sur un parquet ciré. Rien.
Quand tout le monde est dans la crise, ça fait un peu stupide et déconnecté de se pavaner sur un yatch avec du champagne et des serveurs.
Ça pourrait être un risque pour les ventes, ou on fait tout pour faire croire qu’on est certifié ghetto. C’est ainsi que de nombreux rappeurs finissent par ouvertement et fièrement faire partie du système, que typiquement ils dénonçaient au début de leurs carrières.
Comme de bons politiciens qui vivent par leur phraséologie, ils finissent par faire des choix plus intestinaux que venant du cœur.
Ils ont des Ferrari, ils portent du bling qui coûte des années de salaire aux autres, tout comme ceux qui ont plongé le monde dans une course vers le précipice économique.
Dans ce sens Hip Hop n’est plus.
Il fut, mais il n’est plus.
Il y aura par contre toujours des griots et des poètes Africains.
Ils continueront à nous parler de la vie, de nous tous, pas juste d’eux même et de ce qu’ils possèdent. Ces griots sont assez sages pour ne pas être pris au piège des paillettes, des vitrines et du maquillage.
Un des pièges les plus classiques est celui des guerres territoriales et de l’antisémitisme primaire exhibé par certains rappeurs qui glissent vers la culpabilisation de groupe avec acharnement. Sur notre continent d’Afrique ce genre de discours de fracture sociale a entraîné de véritables tragédies comme au Rwanda, ou une des accusations commune contre les Tutsi était de les accuser d’être des faux chrétiens, donc des Juifs selon leurs accusateurs.
Le verbe devient cause d’accuser la chair, et se fait vent de haine et justification de violence.
Le rappeur de demain, celui du post Hip Hop, aura compris cela.
En attendant il n’y aura que du silence.

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