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Le Panafricanisme et les extrémistes

Les pères du panafricanisme sont sans équivoque. Tout racisme, qu’il vienne d’un côté ou de l’autre du mur illusoire des couleurs de peau ou bien des ethnies, est une pathologie sociale qu’il faut dénoncer et combattre jusqu’au bout. Pour en être conscients, il n’y a qu’à lire les discours de S.M. Haile Selassie d’Éthiopie et S.M. Mohammed V du Maroc, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Andre Chouraqui, parmi tant d’autres penseurs de la génération fondatrice du Panafricanisme: celle qui a libéré le continent africain des chaînes coloniales. La philosophie panafricaine n’est pas ambivalente quand au sujet du racisme, de l’éthnicisme, ou de suppression de liberté de religion ou d’opinion. Sa vision humanitaire s’oppose à toute expression ou implémentation d’exclusion raciale et de supremacisme, social, religieux ou ethnique. Par conséquent, le supremacisme Noir comme le supremacisme Blanc, sont vus comme les fruits absurdes du fascime, et sont également inacceptables pour les panafricains. Par ailleurs les forces idéologiques fascistes, dont Mussolini, avaient déjà favorisé le supremacisme Noir d’une manière cynique, pour renfoncer le séparatisme social et l’exclusion entre les ‘races’. L’embrigadement des Askari de Somalie, promu par les fascistes Italiens comme une « guerre sainte » contre l’Ethiopie, en est un exemple qui a des retentissements jusqu’à nos jours. Avec les mouvances de suprématie raciales ou ethniques, la fragmentation des colonisés est beaucoup plus facile. Les fascistes voient d’un bon œil tous les séparatismes. Ces mouvances sont sont la garantie de la désunion sociale pour conduire les cyniques à la domination totale. C’est ainsi qu’on voit l’absurdité et le contre-sens de groupes racistes et antisemites se réclamant être panafricains. Ils sont non seulement en contradiction totale avec les principes fondamentaux énoncés par les pères du mouvement auquel ils prétendent adhérer, mais aussi ils s’attaquent activement aux principes de base de l’analyse panafricaine. En fait, sur le terrain historique, ces soit disant panafricains ont rejoint les forces politiques qui ont contribué à renverser Hailé Sélassié, et à fausser l’apport humanitaire du message original de sa génération, celle qui a fondé l’ONU après l’échec de la Ligue des Nations, et établi le langage d’une base de morale universelle et de droits humains. Sans cette base, et la connaissance de son apport, on ne sait plus pourquoi on se bat, et on entre dans le terrain de la récupération politique. Des dictateurs en Afrique ont même utilisé le terme panafricanisme en le détournant de son sens, au vu et au su de leur population et du monde entier. La trahison de ce message original pour lequel des millions d’africains ont combattu, est une évidence aux yeux des peuple d’Afrique.
Donc face à cette désinformation systématique, il nous est interdit de bouger d’un centimètre du centre moral de la vision panafricaine originale, celle d’un monde où l’humanité est honorée, et non bafouée et insultée. L’anti sémitisme politique, qui instrumentalise le contexte israélo-palestinien pour créer la confrontation et freiner le dialogue, est fondamentalement anti-panafricain. Si le but est la paix, on ne joue pas avec le langage raciste tel que l’anti sémitisme quand le sujet est un partage géographique entre états et citoyens. Ceux qui jouent avec les notions binaires de ‘Juifs Blancs’ et ´Juifs Noirs’ en niant la réalité de l’un au profit de l’autre, ne peuvent pas prétendre parler au nom du panafricanisme.
Haile Selassie a reconnu Israel. Il n’a jamais vu de différence entre les Juifs Blancs ou les Juifs Noirs. Mohammed V ne faisait pas de différence entre marocains, Juifs ou Musulmans, et quelque soit leur complexion de peau. Se dire associés au message du panafricanisme et pratiquer son contraire, est non seulement une aberration, mais un mensonge que les fondateurs n’auraient jamais toléré.
Sur Afrique média, chaîne prétendument panafricaine, on entend ouvertement un Mr Banda Kani dénoncer le Talmud et le « complot juif mondial » comme un facho allemand des bars à bière de Munich, sans aucune gêne. Ceci bien sur pour discréditer le peu de vérité qu’on peut entendre sur cette chaîne, spécialisée à dire une chose et son contraire. On assiste à une tentative réelle de noyauter et détourner le panafricanisme de son trajet original. On peut comprendre qu’un tel effort médiatique de confusion est certainement alimenté et déployé par les mêmes fachos qui attaquent l’unité africaine. Il est particulièrement choquant de voir des influenceurs africains agiter le spectre risible et enfantin du Juif mondial, Juif errant, Juif banquier, Juif communiste, comme un bon somnifère qui a fait ses preuves pendant des siècles de ‘civilisation’ chrétienne, quand celle ci professait la suprématie de la race blanche. Seulement, rappelons-nous que ça a fini avec des génocides ethniques, des camps de concentrations et des chambres à gaz. C’est comme ça, avec ce genre de discours, qu’on a vidé les ghettos d’Europe et qu’on s’est débarrassé des Roms. Au Rwanda, avant le génocide, les Tutsis étaient appelés des Juifs, tueurs de Christ, depuis les églises Hutu, alors que les deux populations étaient obstinément catholiques. De façon équivalente, le suprématismes Noir est un piège, destiné à empêcher la population Noire à être entendue dans sa voix majoritaire, qui est basée sur la modération et la sagesse. Stratagème classique pour esquiver cette majorité en donnant le micro aux extrêmes. La communauté des Afro-descendants n’est pas suprématistes, elle ne rêve pas d’une revanche entre les races. Partout où elle se trouve, elle contribue au bien de son pays actuel. En majorité écrasante cette communauté ne croit pas aux théories des races. Il faut lire les pères et mères du panafricanisme pour le voir, car ils sont les ambassadeurs de cette majorité. Ils ont parlé haut et fort contre toute forme de discrimination, et ont été acclamés et rejoints par tous les peuples africains, du continent et de la diaspora.
L’Afrique en elle seule contient toutes les complexions de peau, toutes les tailles humaines, tous les accents avec des centaines de langages et de cultures diverses et uniques. Elle est entre autres la mère de tous les peuples de la terre. On ne peut pas accepter que le nom panafricanisme soit tordu en pretzel de son sens original, pour en faire une contradiction qui ne tient pas une minute si on y réfléchît.
Il y en a qui pensent qu’il faut copier l’ennemi pour le vaincre. La haine exprimée par l’ennemi devient le modèle. Mais être copié, c’est exactement le but de son désir de conquête. La haine ne peut survivre que si elle est communiquée. Le panafricanisme est un instrument de destruction de la haine. Il n’y a aucune ambiguïté possible, quand on connaît le message qui a été clairement énoncé aux oreilles du monde entier depuis le 30 Juin 1936 à Genève. Ce message juste, après avoir été prouvé par une guerre mondiale douloureuse, a conduit à la libération des peuples, comme égaux en droits, et à la fin du colonialisme partout sur terre. Ceux qui le contredisent, veulent nous faire revenir en arrière. Lisez vous-même Haile Sélassié, afin de ne plus être dans l’horizon du filet des récupérateurs racialistes, et vous verrez nettement que ceux-ci ne sont en fait que les contradicteurs attitrés de son message humanitaire.
Pour contredire la vision humanitaire du panafricanisme, quoi de mieux que d’amener des africains qui disent tout le contraire en son nom? C’est la stratégie des zozos et de leurs fans. La bêtise des uns est une source de profit pour les autres.

 

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