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Le complot du grand remplacement

Renaud Camus n’a rien à voir avec Albert Camus, l’auteur humaniste de « La peste ».
Sa théorie du grand remplacement n’est pas une critique de l’indifférence face à une réalité douloureuse, c’est au contraire une invitation par un cerveau fiévreux à réagir vigoureusement à l’existence des fantômes. Et Renaud Camus n’est pas un Don Quixote inoffensif. Ses moulins à vent sont des êtres qui respirent.
Parmi ceux qui sont passé à l’acte inspirés par cette théorie farfelue, prédisant le Tsunami
démographique supposé submerger les braves gens de peau blanche, on trouve les auteurs de violence sanguinaire, tel le massacre antisémite de la synagogue de Pittsburg, celui de la Mosquée de Nouvelle-Zélande, et du massacre de 80 enfants en Suède.
Aujourd’hui parmi ceux qui avouent sans vergogne être sous le charme de cette théorie, on trouve des politiques tels que Éric Zemour et Mme Le Pen. Il s’agit d’un complotisme qui dit que des forces cachées, venant d’une gauche financière obscure et
globaliste, aurait pris pour but obstiné de faire disparaître le trait la peau blanche de la surface de la terre, pour n’y laisser que des gens de peau brune ou noire. Ces forces maléfiques selon ce scénario feraient cela par l’immigration clandestine organisée et planifiée, afin d’obtenir leur but final, faire pleurer le dernier homme blanc européen sur son sort d’ultime être humain à disparaître.
Et pourtant….
Le grand remplacement se roule dans le “et pourtant”.
N’est-il pas vrai, pleurent-ils, que les blancs européens ont amené la civilisation l’âge des lumières et la révolution industrielle? N’étions nous pas les empires glorieux et conquérants? On retrouve ce même thème de nostalgie d’égo blessé dans un autre ouvrage de ce genre du titre de mein Kampf, où les vaillants teutons seraient menacés d’extinction par des vagues d’êtres nomadiques et inférieurs. D’autres comme Drumont ont rejoint le wagon de cette science fiction raciale à goût de film d’horreur. C’est toujours dit avec “..si on ne fait rien..”. Cette mythomanie n’est pas spéculative, elle cherche à provoquer une bifurcation réelle. Cette théorie d’une inévitable invasion de zombies cannibales est devenue un complotisme toléré, sinon encouragé, un spectacle qui demande de prendre l’hallucination au sérieux. Et ainsi de donner du
temps de notre attention, et créer un auditoire autour de ces délires.
En anglais on dit le mot ‘alien’ pour extra-terrestre. Aliéner implique un déplacement, la négation d’un espace partagé. Le grand remplacement souhaite créer des extra-terrestres et les imposer à notre imaginaire. Ses penseurs veulent nous prouver qu’ils savent ce que le ‘alien’ en tant qu’espèce pense, et quelle est sa stratégie de conquête. Et ces auteurs nous disent aussi qu’il existe une méthode pratique pour ce débarrasser de cette peste, ce qui rend leur conception de la peste l’opposé de celle d’Albert Camus.
Albert Camus s’interroge et nous interroge sur notre indifférence face à la souffrance humaine, qu’il symbolise par la peste. Les attitudes devant le fléau sont pour lui un face-à-face avec notre conscience. Dans ce sens Albert Camus est proche des enseignements de Bouddha qui nous font comprendre la nature universelle de la souffrance, et par cela nous révèlent la nécessité de la compassion. Mais la peste et le fléau que craignent les théoriciens du grand remplacement, ce sont les gens eux-mêmes. Pour eux, l’indifférence aux souffrances doit être préconisée et relativisée, par des effrois de l’inconnu, ou même de l’incertitude. La théorie du « Grand remplacement » habite un monde inventé.
Ils sont la porte à côté de la maison de fous où l’on parle à tue-tête des illuminati et des
francs-maçons, coopérant en secret avec des démons pour contrôler la galaxie. Au même étage d’asile, il y a bien sûr les antisémites  indécrottables qui suivent fidèlement la logique de la haine à qui mieux mieux. On peut certes laisser les fous se promener dehors, si ils ne mettent pas les autres en danger. Afin d’en être sûr, il faut garantir que leur délire n’est pas violent. Leur culpabilité réside dans l’effort qu’ils déploient pour leur bêtise. Mais à l’ère où campagne électorale et campagne publicitaire sont des concepts fusionnés, il ne faut pas s’étonner de la miniaturisation constante de l’intelligence, et de l’élargissement historique du territoire de l’idiotie.

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