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Ki-Tavo (Deutéronome 26:1–29:8)

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Le livre de Deutéronome est constitué par le seul discours de Moïse, prenant congé de son peuple à la veille de son départ de ce monde. Ce discours dans lequel il s’implique personnellement de façon souvent pathétique, est bâti autour d’une partie législative très dense (12,1 26 fin) – lois nouvellement promulguées ou déjà énoncées et reprises ici – qui s’achève dans la sidra Ki Tavo. Les deux prescriptions par lesquelles se conclut ce véritable « Code Deutéronomique » concernent des prélèvements obligatoires, qui prendront effet sous peu, dès qu’Israël sera rentré dans le pays que le Seigneur son D.ieu lui donne en héritage, qu’il l’aura occupé et qu’il y sera établi. Il est d’abord question de la consécration des prémices « Bikourim ». Il convient en effet d’apporter au Temple les premiers fruits de la saison. Mais la présentation des prémices doit s’accompagner d’une déclaration solennelle dont les termes sont précisés ici (26, 5-10). Israël doit à cette occasion revenir publiquement sur ses origines, sur la misère de Jacob livré au perfide Laban, sur l’esclavage d’Egypte. Il doit proclamer avec force, sa dette de reconnaissance envers D.ieu, qui l’a fait sortir d’Egypte, qui l’a conduit en terre d’Israël, lui donnant « ce pays qui ruisselle de lait et de miel » , et sans lequel il ne serait rien, il ne posséderait rien,.
C’est parce que la mémoire des peuples est courte… que la Torah exige d’Israël, une fois l’an, à l’occasion de la présentation des prémices, entre la fête de Chavouoth et la fête de Souccoth, qu’il confesse humblement « sa reconnaissance et sa gratitude pour la bonté de D.ieu et pour ses bienfaits ». Car l’homme doit savoir, nous dit Maïmonide, que c’est un devoir religieux pour lui, quand il se trouve dans l’aisance, de se rappeler ses moments de détresse. La loi insiste très souvent là-dessus, car on craignait les habitudes si communes à tous ceux qui ont été élevés dans l’aisance, à savoir la suffisance, la vanité et la négligence des idées vraies: « De peur qu’après avoir mangé et t’être rassacié ton coeur ne s’enorgueillisse » D’une manière générale, la Torah énonce une série de mises en garde et prend nombre de mesures pour, semble-t-il, limiter la notion de propriété, réduire autant que possible la « mainmise  » d’Israël sur sa terre. La Torah a en effet la prétention d’éduquer à la propriété, car un droit à la propriété exercé de façon brutale, sans nuances, est à l’origine de l’injustice et de la violence sociales. Pour cela, la terre, les biens acquis, doivent cesser d’apparaître comme propriété inaliénable, pour se reconnaître à chaque instant comme un don reçu, dont on a à rendre grâce et auquel les autres ont aussi droit.
Y a-t-il joie plus intense en effet que celle qui procède de la découverte, la saison venue, de la première figue fraîche, du premier épi plein et doré ? Frémissement de plaisir et de fierté du paysan, qui voit là l’aboutissement et la récompense de son dur labeur, de ses soins attentifs et constants. Or la Torah vient « cruellement » presque, brimer ce mouvement si naturel. Elle vient empêcher l’homme de jouir de ces premiers fruits qui lui sont si chers, dont la vue a si fort attendri son cœur, en exigeant qu’il les recueille pour les donner au prêtre, dans l’enceinte du temple. Mais le propos de la Torah n’est pas de supprimer purement et simplement l’expression de ce plaisir et de cette joie – en aurait-il le pouvoir et la force-, mais de la détourner immédiatement. Cette joie doit s’exprimer ailleurs et autrement. Ce ne doit pas être la jouissance égoïste du propriétaire barricadé au milieu de ses terres, mais la joie du partage, dans la convivialité, éclatant à Jérusalem. « Tu déposeras le panier de prémices devant le Seigneur ton D.ieu et tu te prosterneras devant Lui. Et tu te réjouiras de tous les biens que le Seigneur ton D.ieu t’aura donnés, à toi et à ta maison, toi le lévite et l’étranger qui sera au milieu de toi ».
Car D.ieu promet « un pays où coulent le lait et le miel ». Mais la promesse est à double tranchant. Moïse le sait bien qui prend à témoin le peuple tout entier, lui signifiant que l’accomplissement de la promesse peut être source de bénédiction comme de malédiction et à cela le peuple devra répondre « amen ». Car Israël risque de succomber à l’ivresse du lait et du miel, d’y perdre son âme, d’y oublier ses exigences éthiques, sa vocation particulière. « Mais Yechouroun s’engraisse et regimbe.- Tu deviens gras, replet, bouffi. Il abandonne le D.ieu qui l’avait ait, il méprise le rocher de son salut »(Deut. 32,15), prédit Moïse trop lucide. C’est bien pour nous éviter de succomber à la tentation de réduire notre être à ce que nous avons et possédons, que la Torah exige que marquions un temps d’arrêt, avant d’engranger, de gérer nos biens, d’être pris dans la pure logique de l’économique. C’est uniquement lorsque nous nous serons acquittés de tous nos devoirs, ayant prélevé sur nos biens, les prémices, dîmes, dons et prélèvements de toutes sortes, destinés aux prêtres, aux lévites, aux pauvres, à l’étranger, à l’orphelin et à la veuve, que la jouissance de nos biens pourra s’avérer bénédiction. Et que nous pourrons alors légitimement en appeler au renouvellement de la bénédiction divine. De ta demeure sainte du haut des cieux, jette tes regards et bénis ton peuple Israël et la terre que tu nous a donnée, comme tu l’avais juré à nos pères, une terre qui ruisselle de lait et de miel (Deut. 26,15)

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