Dafina est un mot Haoussa.
Tous les Juifs Marocains connaissent ce mot.
C’est le plat chaud partagé par chaque famille shabbat midi, qu’on a fait cuire depuis la journée du Vendredi.
Ce mets traditionnel contient divers ingrédients selon les régions. Poix chiches, blé ou riz, œufs bouillis, pieds de veau pomme de terre douce etc…
Le mot Dafina vient de la racine Haoussa « Dafi » qui veut dire cuisson.
Comment un terme Haoussa fut-il adopté et put entrer dans le dialecte communautaire des Juifs du Maroc?
Juifs et Haoussas vécurent côte à côte durant des siècles au Maroc.
Surtout depuis l’époque du Sultan Moulay Ismail.
En général, les deux communautés étaient citadines, et vivaient près des palais du Royaume Chérifien.
Les Haoussa du Maroc faisaient souvent partie de l’administration et de l’armée Royale, la fameuse « Garde Noire ».
Leur langue a ainsi contribué à la formation du Darija, l’arabe dialectal Marocain qui est en fait un arabe « Haoussaoui ».
Un autre terme Haoussa est Tandia, qui veut dire fermée, scellée.
Dafina et Tandia (prononcé Tanjia) voulait dire ce plat scellé d’argile qu’on fait cuire au four toute la nuit pour le manger Chabbat midi.
Il est toutefois possible que c’est avec l’arrivée au Maroc en 1492 des Juifs expulsés de Kano, que ce mot fut adopté.
Ces Juifs Haoussa ont contribué à la culture des Kanawa (Gnawa) du Maroc, en ramenant de Kano le « Bori des Sebtyin. »
Dans celui ci les restes de la Dafina de Chabbat sont utilisés comme éléments de thérapie spirituelle, pour chasser les esprits causeurs de toutes sortes de maux.
Le Bori est une pratique de thérapie que les Haoussa disent avoir hérité du Roi Salomon.