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Israël et les 75 ans de la libération d’Auschwitz.

Photo : Heidi Levine/Pool via REUTERS

Le propos de notre contribution n’est point ici de reproduire une littérature, déjà abondante sur la Shoah, mais il s’agit d’interroger la manière dont les différents acteurs politiques et civils assurent dans le temps la gestion mémorielle et identitaire en rapport à ce drame. Au-delà de ces prises de position, il s’agit d’examiner le dynamisme de l’historiographie juive interne pour davantage souligner  l’inanité des « zozos » (Norman Finkelstein, Yossef Mizrahi) tronqués par des vues simplistes qui continuent d’avoir un impact sur des opinions publiques européennes.
Mais pour se situer et s’orienter, il est bon de s’arrêter un moment – pour réfléchir sur le chemin déjà parcouru. D’où l’importance de la mémoire. Dans la vie individuelle, la mémoire, comme dit Pascal, est nécessaire à toutes les opérations de l’esprit ; mais elle est aussi indispensable pour la cohésion de la personnalité.
Avant les 75 ans de la libération d’Auschwitz, Israël a reçu une quarantaine de dirigeants mondiaux. Ce Symposium international sur la Shoah était nécessaire pour parer une tentative d’endormissement de la mémoire collective, une volonté révisionniste plus ou moins déclarée, un élan d’absolution unilatérale reposant sur de sommaires disquisitions d’opinion.
Les enjeux qui transparaissent dans les réactions de différents Présidents présents ne se limitent pas à un simple objet de connaissance. Cette tragédie historique occupe une épaisseur considérable dans la construction identitaire en cours dans l’Europe contemporaine. Elle constitue une dimension importante de l’Être et des Juifs dans le
monde actuelle, donc en définitive de leur rapport à l’Autre.
Le poids de la Shoah renvoie à une réalité incontestée : nulle société, autre que la communauté juive européenne, n’a été aussi négativement affectée par la Shoah. Les origines de la position de l’infériorisation dans les affaires du monde contemporain sont à rechercher en partie au moins dans cette longue séquence historique qui a durablement affecté la démographie juive, mais surtout la représentation de soi et de ses rapports à l’autre.
Mais la destruction des Juifs d’Europe ne fut pas une mémoire partagée.
Les conséquences de ce cataclysme sont catastrophiques pour la
conscience juive. La ponction démographique évaluée à six millions d’individus
créa une chute du tonus humain et se solda par un désarroi plus grand
devant la nature. En effet, c’est un fait bien connu qu’une certaine perte
démographique se traduit par la déshumanisation de la nature. La
soustraction brutale d’une forte proportion de ses fils recule pour
longtemps cette emprise sur la nature qui donne à l’homme une confiance et un
stimulant.

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