La parasha que nous lisons cette semaine Haazinou est l’avant dernière du cycle dans la Torah. « Souviens-toi des temps antiques, médite les annales de chaque génération ;interroge ton père, il te l’apprendra, tes anciens, ils te le diront. » (Deutéronome, 32, 7). Clôturant sa harangue par un cantique, Moïse y insiste, entre autres, sur le fait que nous ne sommes chacun qu’un maillon d’une longue chaîne qui remonte loin dans les siècles. Nous faisons partie d’une longue histoire et ne pouvons nous définir qu’en nous référant à tous les événements du passé qui ont forgé notre personnalité.
II était donc normal que, quarante ans après la constitution des enfants d’Israël entant que peuple, Moïse les appelât à se retourner un tant soit peu sur leur passé, d’en tirer la leçon, de s’en pénétrer profondément, avant de reprendre la marche vers l’avenir. Ce retour en arrière pouvait constituer, à ce moment-là, un stimulant fort profitable et on comprend que Moïse y ait fait appel. Mais était-ce vraiment dans ce seul but que Moise y a procédé ?
En réalité, ce qui lui importait, au moment où il allait quitter ce monde, c’était de faire comprendre à nos ancêtres, – cette nouvelle génération qui, seule, contrairement à la précédente disparue dans le désert, allait entrer en Canaan – leur responsabilité dans le déroulement de l’histoire de leur peuple. Le cours de cette histoire dépendait de chacun d’eux individuellement dans le passé.
II reposera sur chacun d’eux dans l’avenir.
Oui, chacun de nous a besoin de se tourner vers son passé de le sentir, de le comprendre et de s’y rattacher.
C’est grâce aux événements de notre histoire, grâce au comportement courageux de nos ancêtres, que la chaîne est parvenue solide jusqu’à nous et que nous avons pu y relier le maillon que nous formons. Le passé est donc pour nous riche en enseignements.
Mais ce retour vers le passé ne suffit pas; il nous faut encore consolider cet anneau nouveau que nous sommes afin d’assurer à tout prix la continuité de la chaîne; il nous faut nous tourner surtout vers l’avenir et prendre des dispositions utiles pour que la chaîne s’allonge sans cassure, quelles que soient les circonstances -heureuses ou malheureuses -de l’heure.
Dans le passé, nos ancêtres ont su maintenir intact, dans des conditions souvent très difficiles, chaque anneau de la longue chaîne qui les rattachait au passé. Ils puisaient leur force dans leur fidélité absolue en D.ieu et dans leur espérance tout aussi absolue en l’homme. A nous d’en faire autant pour éviter toute fêlure dans la longue chaîne des générations qui est venue jusqu’à nous.
L’histoire fait partie de la conscience de notre peuple; elle doit nous servir de tremplin pour mieux préparer son avenir.