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Elie Benamozegh, minorité et évolution morale

Dans son livre fondateur intitulé « Israël et l’humanité », le rabbin Elijah Ben Amozegh enseigne que le but du judaïsme est d’apporter au monde une moralité non violente, non par imposition, mais par exemple.
Le peuple juif a survécu et a développé sa réflexion en tant que communauté, basée sur ce principe fondamental.
Se définir comme Juif, c’est pour Benamozegh, accepter de faire partie de cette mission et de ce récit.
Être une minorité, au sens de nombre et au sens de position de pouvoir, signifié pour les Sages d’Israël comme Benamozegh, assumant consciemment la tâche de l’altérité, avec les pressions que ce choix comporte, même dans un environnement souvent hostile au notion d’autre.
Être étiqueté proverbialement par un langage négatif, trouvé dans des textes religieux auxquels les autres croient, ne fait qu’accentuer le défi de se définir comme juif.
Le sort des Juifs africains s’ajoute à cette presse à huile, pour extraire la substance la plus pure de la foi et de la résilience.
Etre étiqueté ou se voir en minorité invite à une réflexion, sur la co-création d’un espace social où ces définitions pourraient avoir une place, sans être une cause de confrontation ou d’interactions déloyales.
Derrière de telles réflexions se trouve la question de l’évolution sociale.
La religion juive a officiellement interdit la peine de mort il y a 2000 ans avec la décision du rabbin Akiba.
Pourtant, le peuple juif a continué à vivre entouré d’un monde où la vengeance était officiellement appliquée comme une loi juste, sous de nombreux exemples horribles d’un monde barbare immature, à la traîne dans l’éveil moral.
Ce n’est que maintenant, après de nombreuses souffrances, qu’un niveau de conversation a commencé où les Juifs et les Africains pourraient commencer à contribuer à l’élévation morale mondiale de la planète entière, à leur propre échelle possible.
Des millions d’Africains dont l’histoire est en Occident, témoignent de la difficile voie de jouer ce rôle moral actif de contribution que leur a donné la tragédie de siècles d’esclavage et de ségrégation jusqu’à la lutte pour les droits civiques.
Ces derniers temps, pour le peuple juif, cela a fait un bilan effrayant, compté par les millions de vies, assassinées sous les régimes fascistes pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été mis à la vue du monde pour voir à quel point il est trop loin de haïr les autres, ceux considérés comme des étrangers, même s’ils ont vécu dans le même pays pendant des siècles. Et à quelle vitesse nous pouvons aller trop loin.
Des millions de personnes dont la religion interdit la peine de mort ont été mises à mort par des bandits barbares, érigés en puissance d’État et en force militaire destructrice, déchaînant sa colère contre les faibles et les non armés.
La force morale de ces sociétés brutales est la plus faible qui puisse être.
Quiconque a besoin de libérer de telles technologies de masse pour se débarrasser des bébés et des pauvres du ghetto est devenu la quintessence de la faiblesse et de l’impuissance.
Et en même temps, ils ont couronné leurs victimes les héros de l’histoire qui sera racontée encore et encore sur le bien et le mal.
Le premier échec est-il celui qui manque l’importance et le bénéfice de s’enrichir en acceptant les différences ?
Cela peut-il être aussi simple et ne parvient toujours pas à être saisi?
Le poison de la violence consiste dans le fait qu’elle s’oppose à la pensée, à tout niveau qui peut calmer les choses.
Dans les cycles de violence, il n’y a pas de temps réel pour réfléchir, il suffit d’accepter le niveau de logique du ping-pong.
Mais pour échapper au cycle, il faut que tout le monde s’entende sur le fait que la violence comme solution est le signe d’un échec du renseignement.
Ce n’est qu’alors que nous pourrons traquer la violence et la traquer à partir de notre discours, de nos interactions et de nos solutions pour oser regarder les questions de l’humanité et mieux rapporter.
Une fois que nous comprenons cela, il est facile de voir qu’il n’y a pas de minorité ou de majorité. Il n’existe que dans le regard subjectif des personnes, dont le regard sur le monde doit être réduit à des proportions simplistes de petits et grands, et qui ont du mal à dépasser ce niveau de pensée enfantin.
Le rabbin Benamozegh était un humaniste anti-guerre qui a beaucoup écrit contre les horreurs de la guerre et pensait qu’il était du devoir des religions d’aider l’humanité à guérir de ce fléau.
Il a enseigné que toutes les religions sont fondées sur des vérités morales fondamentales, dont le but est d’élever la dignité humaine au niveau de Tzelem Elokim, le timbre divin, en tant que membres d’une même famille aimante, respectueuse de notre unicité, de nos contributions et de nos différences. Et se souvenant toujours de notre similitude.
Prendre conscience de tout ce que nous avons en commun fait que chacun a une manière unique d’exprimer son amour, mais à la fin, c’est fait dans le but de pouvoir articuler l’amour et de le voir multiplié à chaque fois. Ce serait une véritable évolution sociale, et c’est ce que le judaïsme propose humblement mais solennellement.
Un proverbe africain dit: « L’aigle peut repérer un minuscule point du ciel, mais il sait à quel point il est lourd. »

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