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Disparités, conséquentes et accès à la science

Les disparités de notre génération sont les plus flagrantes, et les plus conséquentes, en termes de distribution des connaissances.
Le risque existentiel dans ce cadre, serait de se retrouver avec quelques enfants gâtés, qui ont accès aux technologies les plus destructrices.
L’éducation de ces individus ne leur a pas permis de passer émotionnellement au stade d’adulte, responsable et sensible aux autres. La cause est que c’était une fausse éducation, simple fruit d’un privilège de classe, souvent avec filtrage et piston à l’appui. Les scandales récents de Harvard, et d’autres universités de prestige dans le monde, ont ouvert les yeux du public à une corruption, qui n’a rien à voir avec le développement qualitatif de la transmission des connaissances, inhérentes à des espaces d’éducation.
Une sommité comme Cornell West a payé le prix de ce genre de filtrage social, en étant écarté de sa chaire à Harvard. Les données et les études nombreuses dans le domaines de la sociologie, nous permettent d’évaluer les impacts de l’éducation, sur toute une société.
Le problème d’avoir des gens qui ne sont pas qualifiés ayant accès à des positions de décisions publiques, c’est que pour ces personnes la valeur réelle des connaissances, et la nécessité pour celles ci d’être délibérées, débattues, et interrogées, est inférieure à leur pouvoir de fasciner, et de contrôler les masses en manque d’information.
Les travaux du psychiatre hollandais-américain Joost Meerloo, ont démontré depuis les années 1950 que le totalitarisme joue avec les connaissances, et aime créer la confusion autour d’elles, même au prix de se contredire publiquement. Le rapport connaissance-pouvoir est couvert de dangers, quand l’idiotie est devenue phénomène accepté.
À ce moment, le langage des politiciens peut chuter au degré de la cour d’école, et même les discussions et décisions parlementaires se font autour de thèmes, qui malgré leur importance, sont appauvris de toute réflexion au préalable. Dans cet espace de populisme, où l’ignorance peut être glorifiée et tournée en guise d’honnêteté, apparaissent soudainement les scientifiques. Quand, dans l’histoire, populisme nationaliste et science politisée croisent chemin, ce n’est pas une bonne augure.
Les scientifiques savent que les concepts les plus simples de leurs matières, mettent le public dans une position d’enfants. Les plus idiots parmi ces scientifiques se suffisent de cet avantage, et remplissent leur égo enfantin de cadeaux matériels, pour compenser à leur manque de sociabilité. Ils ne sont pas là, comme ils aiment souvent le dire, au nom de la science. Ils n’aiment pas les questions qui fragilisent leur positions. Or science veut d’abord dire s’interroger. Galilée, Copernic, Jordano Bruno, et d’innombrables penseurs moins connus, ont souffert à cause de l’intolérance de l’establishment pseudo-scientifique de leurs époques, et du refus du questionnement des données, établies en dogmes irréversibles. L’horrible Docteur Mengele n’était pas une métaphore, il était une dérive réelle, d’un chemin qui commence, ou qui passe, par l’université. L’idéalisme nazi a créé le produit Mengele dans ses écoles. La place que cet idéalisme accorde à la « science », c’est à dire la collecte des données, la place au dessus de la morale et de l’éthique.
Montesquieu et Rousseau sont les ennemis de l’idéalisme allemand. C’est avec ces noms en tête que les idéalistes allemands ont développé leur contre-idée, celle qui devait non seulement transcender la dimension humaine, mais aussi la dominer. Selon cet idéalisme utilitaire, le Uber Mensch est au dessus de l’humain décrit par Montesquieu et Rousseau. Il est au dessus de la condition humaine, car il a accepté une idée qui contient l’être humain, dans laquelle l’être humain est réductible à une fonction, à l’intérieur d’un système tout à fait neutre. La théorie Darwinienne de l’évolution des espèces, est un exemple de cette mise en tiroir de l’humanité, dans une grille réductrice. Le colonialisme fut expliqué et justifié dans les cercles académiques en synchronisation avec le Darwinisme, accepté dogmatiquement. L’évolution biologique des espèces conduisait à l’inévitable supériorité de l’homme blanc, industrialisé, guerrier, et conquérant.
Ils sont l’évolution, le reste sont les espèces. L’atomisation et la dissection du vivant en parties mécaniques et remplaçables d’un système neutre, est la signature de l’idéalisme allemand. Cette notion de langage de déconstruction comme objet de pouvoir, fait une ligne droite entre Hegel et Mengele. De l’autre côté il y a Kierkegaard, qui comme Montesquieu et Rousseau croit à l’inviolabilité de l’être humain, dans ses droits et dans ses interactions. Les scientifiques hégéliens se sont volontairement et arbitrairement exclus d’un espace de jugement, qui les rendrait moralement utiles aux autres. Le citoyen pour eux est objectivé en test de laboratoire. L’autre est un chiffre. Une donnée statistique. Un objet qu’on peut assembler et défaire. Pour Joost Meerloo ce langage est fondamentalement pathologique. Une des manières de l’identifier, c’est qu’il amène d’abord beaucoup de data, pour parvenir en finale à des conclusions typiquement stupides. Meerloo était convaincu que c’est par complexe d’infériorité intellectuelle, que les idéalistes allemands procédaient ainsi. Ils tentaient de créer par le volume, par la fatigue de l’audience, ce qu’ils ne pouvaient jamais obtenir en idées originales. Ils souffraient d’une jalousie extrême à l’égard de ceux qui n’avaient pas besoin de paraître connaissants, mais qui l’étaient véritablement, et pouvaient éclipser leur prétention en une question ou deux. Albert Einstein, dont l’esprit se promenait entre la dimension cosmique et la dimension humaine sans pour cela se prendre au sérieux, était l’ennemi juré des idéalistes allemands. Il n’avait aucune envie de faire partie du mauvais film Uber Mensch. Il se méfiait des « ismes ». Tous sont passés sous la torture pour avoir questionné la “science” de son temps. Hegel n’était pas encore né. Mais des siècles plus tard, il rejoignait la pensée de la vieille Inquisition en la remplaçant par sa nouvelle forme.
Les païens d’autrefois sont devenus les colonisés, comme non-évolués. Tandis que les fidèles, l’homme de demain, sont les colonisateurs, les gagnants du grand jeu de la nature, car ils ont fait la guerre et sont industrialisés. Certains entrent dans « l’Histoire », d’autres en sortent. Les forces sont en contradiction en faveur de l’éventuel vainqueur.
Dans le mot dialectique il y a dialecte, qui veut dire langage spécialisé, jargon des spécialistes d’une culture. Quand le jargon scientifique ne cherche pas à ouvrir les questions mais à leur fermer la porte, l’abrutissement de masse est volontaire. L’idéalisme appliqué au réel, le réalisme, consiste en l’abandon d’espoir de pouvoir changer les choses, devant une vision dogmatique, basée sur des équivalences préétablies par des constructions linguistiques. On revient au réalisme, on ne va jamais vers lui. C’est un repli, une négation de quelque chose. De même, le pouvoir magique et hypnotique attribué à la « science » de pouvoir changer la réalité, se forme dans un creuset linguistique.
La science nous apprend à nommer et renommer les choses. Avec chacune de ses découvertes, nous réapprenons à parler. Cette position de récipiendaire peut nous rendre vulnérables à des processus de substitution qualitative d’information.
Comme il existe des produits d’obsolescence planifiée, on trouve des niveaux d’information dont les qualités sont disparates, établis en un véritable apartheid des connaissances. En une phrase, c’est la cause première de l’émergence de l’incompétence.

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