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Accord avec l’ONU et volte-face de Netanyahou

Quelques heures après avoir signé un accord avec l’ONU pour résoudre la crise des migrants africains, Netanyahou le suspend puis l’annule.
Hier lundi, Israël était parvenu à un accord avec le HCR (le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) dans le but de résoudre la crise des migrants africains sur son sol, un accord qui annulait et remplaçait l’ex plan (controversé) du gouvernement d’expulser contre leur gré les migrants illégaux. Mais face à l’opposition considérable d’une large partie de la coalition, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a annoncé hier soir qu’il suspendait la mise en œuvre du plan quelques heures après avoir annoncé qu’il l’avait approuvé puis a, au final, annulé l’accord mardi en début d’après-midi
L’accord trouvé hier entre le HCR et Israël a, pour le moins, été très mal accueilli par les résidents du sud de Tel-Aviv qui l’ont qualifié de «honteux» en précisant que celui-ci signifiait clairement « un abandon des citoyens israéliens ». Shlomo Maslawi, président du comité de quartier d’Hatikva (quartier du sud de Tel Aviv) et membre du conseil municipal de Tel Aviv, a déclaré hier : « cette nouvelle solution acceptée par le gouvernement israélien causera des dommages aux générations à venir de l’Etat d’Israël ».
Dans la foulée, le Premier ministre, qui n’en est pas a son premier revirement, a décidé de suspendre temporairement la mise en œuvre de l’accord pour rencontrer les représentants des résidents du sud de Tel-Aviv. Pour s’expliquer, Netanyahou a posté hier sur FaceBook le texte suivant: « Chers amis, je suis toujours à votre écoute mais je souhaite vous rappeler un certains nombre de choses. Au cours des deux dernières années, j’ai travaillé avec le Rwanda qui entendait servir de « pays tiers » afin d’absorber nos infiltrés. Mais ces dernières semaines, à la suite d’énormes pressions exercées sur lui par le New Israel Fund et par l’Union européenne, le Rwanda s’est retiré de l’accord et a refusé d’absorber les infiltrés parvenus en Israël ….compte tenu de cette situation, j’ai décidé de rechercher une nouvelle solution pour régler le problème des sans papiers. Cependant, je suis avant tout, à l’écoute des habitants du sud de Tel-Aviv et j’ai donc décidé de rencontrer leurs représentants demain matin…..en attendant, je suspends la mise en œuvre de l’accord. « Après avoir rencontré, ce matin, les représentants du sud de Tel Aviv, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a annoncé tout ce mardi en début d’après-midi sa décision d’annuler complètement l’accord qu’il avait approuvé hier. Il l’a fait sous la pression de son gouvernement de droite et plus précisément sous la pression de Naftali Bennett, son ministre de l’Education chef du parti Habait Hayehoudi, qui avait tweeté hier: « L’accord avec l’ONU sur l’absorption des infiltrés est mauvais pour Israël..il n’est pas suffisant de le suspendre. J’appelle le Premier ministre à l’annuler complètement ». Mais quel est donc cet accord approuvé hier par Benjamin Netanyahou, quelle est sa nature et quelles étaient les contraintes de l’ONU et celles d’Israël?
L’accord stipulait que le Haut Commissariat des Nations Unies s’engageait à reconduire 16 250 demandeurs d’asile érythréens et soudanais d’Israël vers des pays occidentaux qui étaient d’accord pour les accueillir (le gouvernement israélien et le HCR ont cité hier l’Italie, l’Allemagne et le Canada), En échange, Israël s’engageait à accorder un statut légal aux autres réfugiés restant sur son sol (selon un rapport de fin 2017 de l’Autorité de l’Immigration israélienne leurs nombres seraient aux environs de 18 000). Le procureur général Avichai Mandelblit avait également donné son approbation hier sur le dit accord.
Israël devait donc accorder un statut légal (Visa) aux quelques 18 000 réfugiés demandeurs d’asile, qui, selon l’avis des spécialistes, seraient restés dans le pays malgré tout. Ce nouveau plan aurait été mis en œuvre en trois étapes sur cinq ans, au terme desquels les habitants du sud de Tel-Aviv, où résident actuellement la majorité des migrants, auraient du constater une amélioration significative des conditions de vie.
Tout ceux qui ont combattu l’ex plan d’expulsion du gouvernement estiment que cet accord est plus efficace pour résoudre la crise migratoire car, toujours selon ses partisans, cet accord permettrait d’évacuer un plus grand nombre de migrants illégaux en ayant, en plus, le soutien de l’ONU et de la communauté internationale. Le plan, conforme au droit international et aux pratiques communes, et approuvé par le procureur général de l’Etat, prévoyait également la création d’une administration chargée de la réhabilitation du sud de Tel-Aviv qui aurait été dirigée par l’ancien député Avigdor Yitzhaki et des représentants de la municipalité de Tel Aviv-Jaffa et des quartiers sud de Tel-Aviv.
Le mouvement Stop the Deportation avait hier salué l’accord: «L’expulsion forcée vers les pays du tiers monde a été stoppée grâce à des centaines de milliers d’Israéliens qui se sont opposés à l’expulsion des demandeurs d’asile…..c’est une réelle opportunité pour l’Etat d’Israël de se racheter en menant une politique d’absorption responsable et en examinant sérieusement les revendications des demandeurs d’asile qui resteront en Israël ».
Pour sa part, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou avait déclaré hier lors d’une conférence de presse « s’être retrouvé dans un piège non seulement à cause de la décision de la Cour Suprême qui a annulé le plan d’expulsion des infiltrés illégaux, proposé par le gouvernement mais aussi à cause du Rwanda (le pays tiers) qui ne remplissait pas les conditions d’absorption des demandeurs d’asile et qui s’est effondré sous la pression internationale ».
« Tout cela n’a laissé d’autre choix au gouvernement que de parvenir à cet accord avec l’ONU » avait-t-il expliqué avant d’ajouter que « l’accord dans l’état actuel est tout de même historique et qu’il est le résultat d’efforts politiques intenses de la part du gouvernement israélien » soulignant qu’au début « l’ONU voulait imposer à Israël de garder tous les demandeurs d’asile » mais qu’en définitive « Israël n’en garderait qu’un sur deux ».
L’accord garantissait en outre que tous les migrants autorisés à rester en Israël recevraient un permis de travail mais seraient dispersés dans tout le pays. Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, qui était au côté du Premier ministre à la conférence avait déclaré que « la détention des immigrés clandestins dans les centres se révélait sans grand bénéfice », ajoutant que « leurs fermetures permettraient au final d’économiser de grosses sommes d’argent qui seraient mieux utilisées pou réhabiliter les demandeurs d’asile et le sud de Tel-Aviv ». Le ministre avait noté que 250 millions de shekels avaient déjà été récupérés grâce à la fermeture du centre de détention de Holot sans parler des centaines de millions de shekels qui, selon l’ex plan d’expulsion des migrants, devaient être alloués aux immigrés qui acceptaient de partir et qui seraient donc utiliser pour ce nouveau plan.
Enfin Benjamin Netanyahou, avait aussi assuré que les migrants qui partiraient seraient « pris en charge par des pays occidentaux développés comme le Canada, l’Allemagne et l’Italie » mais aucun d’eux n’avaient confirmé. Un porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur avait même déclaré qu’il ignorait tout de cette affaire et en Italie, une source du ministère des Affaires étrangères avait infirmé l’information.

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