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Abraham Avinu et la Tour de Babel

Le Patriarche Abraham Avinu était un nomade.
Son modèle de vie, le nomadisme, remontait à bien avant que des cités furent établies.
La Foi dans le monothéisme qui se réclame d’Abraham Avinu, déclare au monde sans ambivalence cette référence comme origine, laissant ainsi entendre que le mode de vie nomade est celle de la proximité avec le Divin.
Par cela cette Foi déclare aussi que l’être humain de la cité est spirituellement corruptible, car il a perdu son humanité essentiellement nomadique, physiquement ou spirituellement.
Pour le nomade, toute existence est transhumance, et n’est qu’un passage d’un stade à un autre. Rien ne nous appartient, si ce n’est l’élévation de notre âme, par l’amour que nous partageons durant notre traversée existentielle. Par contre, la Tour de Babel est l’incarnation du désir de laisser sa marque, l’opposé de la transhumance permanente.
Créer des nouveaux langages, comme l’épisode biblique de Babel le relate, c’est aussi se baser sur des distinctions et en développer de nouvelles formes, ceci pour marquer un territoire, tout comme construire des murs et des monuments. Pour les sociétés nomades, ce désir de gloire est une vanité, une erreur de jugement qui fait oublier, et prendre le risque d’effacer, l’essentiel: l’identité humaine de l’être libre, à laquelle la personne doit nécessairement revenir, afin de pouvoir se réconcilier avec son environnement externe naturel, ainsi qu’avec son environnement psychologique intérieur.
La Tour de Babel est la tentative-type d’une expérimentation sociale, basée sur un projet idéologique, ou sur une idée du monde, qui se veut dominante sur les autres idées.
La Tour est celle, parmi les idées, qui prétend pouvoir encadrer toutes les autres, et les mettre en ordre de priorité selon leur proximité avec l’idée motrice.
Le désir d’être défini, ou d’être attaché, selon une cartographie géographique ou historique, à un paysage particulier d’avantage qu’à un autre, est l’une de ces idées étrangères à l’esprit du nomadisme.
Les lieux saints de pèlerinage sont des points de repère dans l’espace et le temps pour les nomades, mais surtout ils constituent des raisons valides pour continuer à être en mouvance.
Jusqu’à la fin de la période des Juges, la Bible nous raconte que les hébreux vécurent majoritairement comme nomades. Et jusqu’aujourd’hui les patriarches du peuple Juif personnifient le caractère classique du nomade, on les conçoit vivant en mode tribal dans des tentes, et pâturant leurs troupeaux dans la nature.
Les prophètes d’Israel ne vivaient pas dans la cité. Ils etaient typiquement des bergers, ou bien des caractères solitaires et itinérants vivant dans le désert.
Ces prophètes critiquaient ouvertement le système de la métropole, l’accusaient de corruption, d’injustice, de manque de sincérité spirituelle, et l’appelaient au repentir.
La narration de la confrontation des prophètes contre la cité, commence dans le récit du conflit entre Abraham et les divers héritiers de la philosophie de la Tour de Babel, Nimrod, Abimelekh, Pharaon, et les rois de la bataille de Sodome et Gommorhe. Tous etaient des citadins.
Aujourd’hui ce heurt persiste sous d’autres formes, mais son contenu est essentiellement le même.
On peut considérer que les populations indigènes nomades sont la réflection de Abraham Avinu à notre époque, et que les grandes villes avec leur expansion croissante sont les nouvelles Tours de Babel.
La Voix qui nous parle à travers les cultures nomades sera-t-Elle cette fois ci entendue?
Saurons nous reconnaître que c’est de cela que nous venons, et que c’est de cette source que nous avons appris à reconnaître la vérité qui nous unit?
Ou bien le monde continuerait comment?
Sans les nomades, pour leur rappeler que les frontières sont des illusions, les habitants des pays et des cités risquent d’y croire, et d’accepter des absurdités nationalistes que le fonctionnement du monde contemporain contredit.
Or, les frontières ne sont que des cicatrices de violence, laissées par l’histoire des conflits entre des hommes qui ne s’entendaient pas.
Éliminer les frontières, dans tous les sens possibles du mot, entre les êtres humains, est l’intention et le but conscient de ceux qui aiment voir l’amour et la justice triompher, les vrais héritiers du monothéisme se réclamant d’Abraham.
Leur nomadisme spirituel transfrontalier est aussi la voie de la prospérité, par l’échange et le dialogue, la seule véritable route conduisant à la Paix .

3 Comments
  1. Abraham Avinou était nomade, conducteur de troupeaux mais il était aussi l’homme de l’eau qui savait creuser des puits et vivant en harmonie et respect avec la nature autour de lui

  2. Très intéressant et original : cela rappelle Youval Hariri qui expliquait dans Sapiens que le chasseur-cueilleur nomade était beaucoup plus libre que le cultivateur-éleveur esclave de sa terre.
    Quant à ´l’abolition des frontières … ça dépend des voisins qu’on a: c’est possible si on a la chance d’être entouré de Belges et de Suisses, c’est moins drôle avec des Gazaouis.

  3. Je comprends pourquoi j’aime me retirer être/ marcher dans la nature, loin de bruit. Aujourd’hui j’ai eu envie de m’évader dans le désert du Néguev, les differentes couleurs de sables…

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