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A propos de la bénédiction (berakhah) sur un Noir. Par Paul Fenton

Paul Fenton est professeur à l’Université Paris-Sorbonne – Paris IV, Paris
Il convient toujours de remettre les choses dans leur contexte temporel, surtout s’agissant d’une très ancienne tradition comme la nôtre, ou l’on trouve des positions qui reflètent des attitudes et des mentalités jadis courantes. Posez-vous simplement la question : combien d’Amoraïm babyloniens avaient jamais vu de leur vie une personne noire ? La question reste valable aussi pour le Me’iri et les rabbins de la Provence médiévale. De la on comprend leur étonnement et, je dirais, leur admiration.
En effet, le participe présent meshanneh utilisé dans cette bénédiction n’a pas exclusivement un sens négatif. Comment, en effet, prononcer une bénédiction sur un défaut ou une infirmité ? Elle exprime plutôt cette capacité divine, souvent louée dans la littérature rabbinique, de diversifier Sa création. La ou l’artisan humain ne reproduit avec son moule que des copies identiques, D. est capable de multiplier å l’infini les variétés de son oeuvre. mah rabbou ma’asekha ! we-rahamaw ’al col ma’asaw. « Combien multiples sont Tes créations … et Sa compassion s’étend å toutes Ses créatures ! »
Ensuite, il est à noter que, contraire à l’habitude lors d’une « double parachah », dans maintes communautés on n’a pas lu la haftarah de la seconde parachah (qedochim.) mais celle de la première (’Aharey môt). C’est parce que celle-ci apporte une note de consolation (divrey nehumin). 0r, la haftarah est tirée d’Amos 9, et débute au verset 7 : « 0 enfants d’Israël, vous êtes pour Moi comme des Nubiens (kuchiyim) ».
Dans son commentaire sur ce verset, Rabbi Meir Lev Mikhael Malbim (1809-1879) explique en quoi la comparaison des Juifs aux Nubiens est une consolation : « Vous êtes pour Moi exceptionnels tout comme les Nubiens sont remarquables (mezouyyanim). De même que ces derniers se distinguent des autres nations par leur couleur et leur affiliation est reconnaissable, de la même façon, Israël se distingue toujours des autres nations et ceux qui les voient reconnaissent qu’ils sont les enfants du D.ieu vivant ». Il est à noter que le Malbim choisit le terme mezouyyanim (remarquables, admirables) pour décrire les Nubiens. Ce terme a toujours un sens positif et est employé dans la Haggada de Pâque pour décrire la situation des Enfants d’Israël en Egypte où « ils devinrent une grande nation, ce qui enseigne qu’Israël y fut distingué des autres ». Les commentateurs précisent que cette distinction est due au fait qu’ils surent préserver leur langue, leur mode vestimentaire et leur comportement moral. Nous avons là un exemple supplémentaire de la manière dont la particularité naturelle des Kouchim est interprétée positivement pour servir d’analogie entre le peuple noir et le peuple juif.  (D’après les commentaires du Malbim sur la Haftarah ’Aharey môt-qedochim)
(NRD, aucune allusion aux singes n’y est faite)

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