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Interview du mois : Brice Nzamba, avocat au Barreau de Paris

FJN : Maître Brice NZAMBA, pouvez-vous, vous présenter en quelques mots afin de permettre à nos lecteurs de vous découvrir ?

Maître Brice NZAMBA :

Je suis arrivé en France en début des années 2000 pour parfaire mes études universitaires. Après un bref passage à l’Institut Catholique de Paris en philosophie, j’ai dû renouer avec mon amour de toujours qu’est le Droit. C’est ainsi qu’à la suite de mes études de Droit, j’ai été admis à l’école d’Avocat pour une formation de 18 mois à l’exercice de ce métier que je chéris tant. J’exerce donc la profession d’avocat à mon propre compte depuis ma prestation de serment en date du 3 février 2010 à Paris, dans le 14eme arrondissement. Très vite, je me suis intéressé à la situation politique tant en France qu’en lien avec le continent africain, notamment sur la nécessité d’un élargissement de conscience impliquant le respect des différences, et le respect des droits des minorités. Toutes ces questions impliquaient le partage égal entre tous les citoyens français, de tout espace d’expression de leur citoyenneté. C’est dans ce cadre qu’avec des amis, nous avions créés l’association dénommée « Lutte pour la citoyenneté et la démocratie ».  Par ailleurs, j’interviens souvent, en tant qu’analyste politique sur Africa24 qui est la première chaine de télévision d’information en direction d’Afrique et de l’océan Indien, dans l’émission « POLITITIA » ainsi que sur « Africa n°1 » qui est la première radio écoutée en Afrique, dans l’émission « Le Grand débat ».
Ainsi, comme vous pouvez le constater, le respect des principes qui fondent et organisent une vie démocratique m’intéresse particulièrement, aussi bien ici en France, que là-bas en Afrique, et plus précisément en Afrique Francophone. Constatons le recul des avancées démocratiques et la gangrène de la mauvaise gouvernance en Afrique francophone, notamment en Afrique centrale, la paupérisation croissante de la jeunesse africaine livrée à elle-même, et le risque d’un désamour qui s’installe progressivement vis-à-vis de la France au sein de cette jeunesse, nous avions crus judicieux de lancer un think tank « Club République Nouvelle » ici à Paris. Ce think tank à vocation à réunir des jeunes français de souche européenne et Africaine pour penser ensemble, et anticiper les difficultés auxquelles l’espace francophone devraient faire face au cours de ce siècle. Il y’a par exemple l’extraordinaire bond démographique de l’Afrique à l’orée 2050 et ses multiples implications dans l’équilibre géopolitique international. Nous préparons une conférence là-dessus au mois de Mars 2018. En somme, je suis avocat, analyste politique, et engagé pour le triomphe de la Liberté partout où besoin se fait sentir.

FJN : Qu’est-ce qui vous a amené à vous sentir proche de la Fédération des Juifs Noirs ?

Maître Brice NZAMBA :

D’abord parce que je suis pour la promotion de la différence, de la diversité. Des juifs noirs, autres que les falashas, confirme s’il en était besoin, de l’aptitude du judaïsme à revêtir différents manteaux tout en gardant une même peau, à avoir différentes peaux tout en maintenant une même vie, une unique vie à l’intérieur de celles-ci.
Ensuite, la fédération des juifs noirs constitue à mes yeux un pont, une passerelle entre les juifs d’Afrique et ceux des autres continents, et participe ainsi au dynamisme, à la vitalité, et à la richesse du judaïsme. Dans un monde où l’esprit du temps semble être de plus en plus au repli identitaire, à l’entre soi, et à la discussion du même au même, il est nécessaire d’encourager et de s’inspirer de la diversité des origines au sein du judaïsme. Ce sont ces considérations qui expliquent mon intérêt à la fédération des juifs noirs, et il serait une bonne chose de faire découvrir au monde le son particulier des juifs noirs dans la grande symphonie qu’est le judaïsme.

FJN : Aujourd’hui, le monde entier (notamment l’Afrique) est menacé par le terrorisme, le djihadisme, quelle est votre lecture ?

Maître Brice NZAMBA :

Il convient d’abord de distinguer l’Islam du djihadisme dont le terrorisme constitue la principale arme de guerre. En clair, le terrorisme est le moyen utilisé par ceux qui détournent l’islam de sa finalité véritable pour en faire une idéologie politique de conquête et de domination : C’est cela le djihadisme. Le djihadisme prône la conquête du monde par la terreur en vue d’instaurer un ordre politique d’intolérance alors que l’islam prône la conversion des cœurs par l’exemplarité et porte l’espérance de l’avènement d’un temps de justice et de paix pour l’humanité dont l’équivalent dans le judaïsme est constitué par les temps messianiques.
Cette distinction est importante car elle permet de discerner et d’isoler, pour mieux les combattre, ceux qui passent de la simple pratique de la religion, à l’endoctrinement politique incitant aux actes de terreur. Cette idéologie politique de terreur à prétexte islamique se mondialise et agit de plus en plus en Afrique. Nous avons encore en mémoire, les images d’atrocités commises au Kenya, au Nigéria, au Burkina Faso, et même la côte d’ivoire a été touchée. C’est dire qu’aujourd’hui l’Afrique est touchée de plein fouet par cette idéologie de la terreur et de l’intolérance. Ainsi, le djihadisme étant une idéologie politique qui détourne la religion musulmane de véritable finalité, il me semble qu’il faille le combattre sur deux plans : Dans ses causes et dans ses conséquences.
La connaissance et la maitrise des causes permettent d’anticiper, de prévenir et donc de sauver des vies en amont. Bien souvent, les candidats au martyr croient être des héros d’une cause qu’ils croient à tort être juste. Ainsi, ils se nourrissent de leurs frustrations quotidiennes personnelles qu’ils identifient à des frustrations vécues sur le plan international par des peuples de confession musulmane, ce faisant, par un extraordinaire effet de sublimation, ils croient avoir trouver un responsable commun à leurs frustrations personnelles et à celles vécues par les peuples de confession musulmane. Cette révélation de l’identité du supposé oppresseur commun leur donne immédiatement accès à ce qu’ils croient devenir le sens de leurs vies : le djihadisme. De tout ce processus psychologique, une seule cause me semble à la racine de tout : l’incapacité à être maître de sa vie et la déresponsabilisation aussi bien personnelle que collective.
Pour y remédier, il convient de redonner aux individus les outils susceptibles de leur permettre de reconquérir le pouvoir sur leur propre vie. Or, ces outils sont constitués par l’instruction et la discipline, piliers d’une solide éducation dont le perfectionnement abouti à l’autonomie de l’esprit humain, et à la tolérance. Il faut donc éduquer et susciter des consciences libres pour prévenir des basculements au djihadisme.
Le combat contre le djihadisme en Afrique comme dans le monde implique une coordination des renseignements, de la bonne volonté, et un entrainement adapté à cette nouvelle forme de guerre. Sur ce terrain, les Etats africains sont malheureusement, une fois encore les plus démunis. Leurs services de renseignement sont généralement dirigés contre leurs opposants politiques et moins tournés contre des risques extérieurs sans lien avec ces derniers. Ces Etats devraient donc s’organiser en conséquence pour éviter que la terreur s’y installe à jamais. C’est donc par une coalition internationale contre le terrorisme impliquant la coordination des informations, la rapidité d’adaptation à cette nouvelle forme de guerre, que le djihadisme pourrait être vaincu.

FJN : Comment voyez-vous le rapprochement entre Israël et l’Afrique ?

Maître Brice NZAMBA :

Les relations entre Israël et l’Afrique n’ont toujours pas été de tout repos par le passé. Il appartient donc à ces deux acteurs de la vie internationale de réinventer ces relations en se fondant sur une compréhension mutuelle des enjeux du présent et des intérêts que chacun pourrait tirer dans un futur proche, dans le cadre d’un rapprochement diplomatique gagnant-gagnant. En effet, l’Afrique est un continent où se télescopent les intérêts de plusieurs puissances mondiales. Il contient plusieurs richesses stratégiques, et être en partenariat avec lui est un atout inestimable. C’est donc stratégique pour Israël d’être présent dans ce continent. Ce rapprochement est aussi d’un grand intérêt pour les Etats Africains en ce qu’ils pourraient bénéficier du savoir-faire Israélien en matière de sécurité, des technologies de pointe, et des investissements dans le domaine de la formation aux métiers liés au numérique. Je pense qu’à une époque où le monde devient multipolaire, il est dans l’intérêt des Etats Africains de diversifier leurs partenaires économiques dès lors qu’ils y trouvent leurs intérêts.  Ce rapprochement est donc une bonne chose, surtout à un moment où il est important de trouver dans le monde des Etats susceptibles d’aider logistiquement ou financièrement le Groupe des Etats Africains constitués dans le G5 Sahel en vue de renforcer la sécurité de cette bande désertique où sévit actuellement les djihadistes. Israël pourrait jouer un rôle significatif dans ce cadre, en y apportant de son expérience en matière de sécurité contre le terrorisme, et en contrepartie, gagner en influence dans cette zone. Il faut dire qu’il est plutôt actuellement sur une bonne pente, car il a pu obtenir le vote de l’Etat du Togo pour soutenir la motion américaine reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. Ce vote constitue une prouesse diplomatique pour le Togo en Afrique car le Togo est traditionnellement dans la sphère d’influence diplomatique française. Or la France était contre la motion américaine, entrainant à sa suite la plupart d’Etats africains francophones. On peut donc dire, qu’il y’a une poussée diplomatique israélienne en Afrique, petite certes, mais symboliquement significative pour envisager des lendemains qui chantent.

FJN : Un mot de la fin ?

Maître Brice NZAMBA :

Je vous encourage dans vos différentes actions visant à faire connaitre le judaïsme pratiqué au sud du Sahara. Elles participent au dynamisme et à la vitalité de cette religion et enseignent que la religion est d’abord et avant tout, une affaire de conscience et non d’origines. C’est par la conscience, la connaissance, la pratique d’une religion, et le sentiment d’appartenance que cela génère qu’il est possible de se dire fidèle de cette religion. Les Juifs Noirs sont donc avant tout juif avant que d’être noirs.

 

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